jeudi 30 avril 2015

De mon voyage à Nagoya (partie 1)

Bien le bonjour, cher lecteur !

Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas l'intention de me plaindre dans ce billet, au contraire (ça se fête). En effet, comme je te l'ai annoncé dans un article précédent, j'étais sur le point d'aller incessamment sous peu rendre une visite imminente à ma famille d'accueil, qui habite à Nagoya (d'où le titre de cet article, oui, c'est bien, tu suis), et comme toujours quand il est question de ma famille d'accueil, je serais bien en peine de trouver la moindre petite raison de me plaindre. 

Mais commençons par le début. Un beau jour d'avril, donc, il m'est apparu que ça faisait presque un mois que j'étais arrivée au Japon, et autant de temps où je n'avais pas encore revu ma famille d'accueil, alors qu'on habite sur le même territoire. (Bon, pas tout près tout près, remarque, mais Nagoya est toujours moins loin de Takarazuka que du fin fond du Tarn). Décidant que c'était proprement intolérable et que la situation devait être rectifiée au plus vite, j'ai donc envoyé céans un message à Iwase-san, la maman de ma famille d'accueil, pour lui dire que je comptais passer à Nagoya leur rendre visite, ce à quoi elle m'a répondu que j'étais la bienvenue pour rester chez eux tout le temps que je voudrais. 

Étant tout à fait partante, un dimanche matin, j'ai donc pris mes cliques et mes claques, et au bord de la nausée après avoir fait trop de galipettes avec Thorin (mon vélo (=trop de pentes en allant à la gare sous un grand soleil, matinal, mais chaud quand même)), je suis montée dans le train JR de Takarazuka, avec changement à Ôsaka, Kyôto, Maibara, Ôgaki, pour enfin arriver à Nagoya quelque quatre heures plus tard. 

Aaah, Nagoya ! Ma mère-patrie, ma Terre Sainte, mon chez-moi ! Bon, même si j'exagère un poil, j'étais très contente de revoir la ville où j'ai (ou pas) fait les quatre cents coups pendant un an quand j'étais étudiante à Kendai. (La vérité vraie, c'est que j'ai passé une moitié de l'année à glander dans mon appart et l'autre moitié à bosser comme une forcenée sans une minute à moi, donc, ben la ville, je ne la connais pas siii bien que ça, en fait. Mais qu'importe.)

Comme toujours, ma famille n°2 m'a merveilleusement bien accueillie. Au dîner, takoyaki (boulettes de poulpe) que j'adore (après, c'est pas difficile, concernant la bouffe, j'adore généralement tout, sauf le nattô), et que je n'avais pas encore mangé depuis mon arrivée.  Cette fois-ci, j'ai pensé à vous et j'ai pris plein de photos.

Takoyaki faits maison !
 
Le lendemain lundi, Iwase-san travaillant, j'avais prévu d'aller rendre visite à mes anciennes collègues de la boulangerie, qui m'ont fait l'honneur de pouvoir se libérer un peu pour qu'on aille manger ensemble, mais pas avant 14h. Ce qui m'a donc laissé la matinée libre pour aller visiter un peu les lieux qui m'évoquaient des souvenirs, comme Sakae (le centre-ville), le sanctuaire d'Ôsu Kannon, et les environs. 

Le sanctuaire d'Ôsu Kannon, avec les deux madames en kimono qui passent devant.

Un tout petit truc à côté d'Ôsu Kannon auquel je n'avais jamais accordé vraiment d'attention jusque là mais qui était très joli avec les azalées en fleurs.


Le shôtengai (galerie marchande couverte) près d'Ôsu Kannon, où j'adore aller me balader.

Un petit sanctuaire trouvé par hasard en passant entre Ôsu Kannon et Kamimaezu.


Finalement, je suis enfin arrivée à Minato-Kuyakusho, l'arrêt de métro où j'habitais et où je travaillais en tant que boulangère. Mazette ! Que de changements ! Plus de terrain vague à côté de la gare, remplacé par du béton de parking pour trois nouvelles enseignes, un restaurant d'udon (des sortes de grosses pâtes blanches gluantes), un restaurant Comeda, et un Lawson (convenience store) tout nouveau tout beau, ce qui m'a rendue très jalouse parce qu'il n'y avait pas de combini quand moi j'y habitais et c'était quelque chose dont je me plaignais souvent (car j'aime me plaindre, comme vous le savez). 

Je sais pas si vous voyez, mais y'a mon Valor là-bas derrière ! (Le bâtiment blanc avec l'écriture rouge et le gros poteau électrique devant (oui je sais, la photo est magnifique))

Minato-Kuyakusho s'est donc vu honoré d'un combini qui lui manquait jusque là cruellement, et qui m'a fait manquer Minato-Kuyakusho cruellement. 

Toutefois, la navette gratuite qui allait jusqu'au centre commercial Aeon, à une vingtaine de minutes à pied de là (et cinq minutes en vélo) ne tournait plus, et je me suis dit que bon, finalement, tout ne changeait pas en mieux. J'ai donc fait la route à pied (parce que j'avais oublié mes omiyage (cadeaux-souvenirs) pour mes collègues et que j'avais trop la honte de me présenter sans rien leur offrir, et que je me souvenais qu'il y avait une boutique Kaldi Coffee Farm à Aeon qui vendait des produits étrangers, et entre autres français), sous une chaleur cuisante (j'ai PEUR pour cet été). A peine étais-je arrivée à Aeon que la navette sus-nommée quittait le parking, reconnaissable à sa couleur violet clair, et que je me rendais compte que tout compte fait, elle tournait toujours - simplement, ils avaient juste enlevé les horaires de l'autre côté. Hu hu hu. 

Bon, c'était toujours une bonne nouvelle, ça voulait dire que je n'allais pas faire le chemin du retour à pied sous le cagnard, et qu'il me restait assez de temps pour aller trouver des cadeaux. Convaincue par deux bouteilles de cidre doux, des tartelettes Bonne Maman à la fraise et au citron, et un pot de confiture de châtaignes (la même que celle que je consommais goulument en France, juste deux fois plus petite et trois fois plus chère), je suis donc passée en caisse, où la vendeuse m'a fait tirer deux tickets à gratter dans une urne et s'est extasiée de me voir gagner deux fois.

Forte de mes réductions et de mes cadeaux français (aux étiquettes japonaises, mais qu'importe), j'ai retrouvé mes boulangères, qui étaient enchantées de me revoir et qui se sont mises à me parler du bon vieux temps, de ce qui avait changé, de mon ex-chef bien-aimé qui est parti à Toyama (mais qui se rappelle encore de moi, youhou!) et de comment c'est nul depuis qu'il est plus là parce que le nouveau chef ne vient jamais les voir dans la boulangerie, et comment la boulangerie fait beaucoup moins de chiffre d'affaires depuis que je suis partie. (Véridique !! Bien que je ne sois pas sûre que les deux faits soient liés...)

Un restaurant d'udon plus tard (où mes collègues s'émerveillent de me voir manger des udon froids et des tempura (trucs enrobés de friture, en l'occurrence, crevette et légumes), comme si je ne mangeais pas tout ce que le Japon a à me servir ! Moi !), on va boire un petit verre à l’œil à la boulangerie, où les nouvelles qui ont pris ma place ont l'air très gentilles et très souriantes, et puis mes deux collègues doivent retourner travailler, et je leur fais la promesse de les prévenir à temps la prochaine fois pour qu'on puisse aller faire un karaoke ensemble un matin (apparemment, c'est moins cher le matin).

Ceci fait, je décide d'aller me balader un peu dans le coin.

Rubrique : les coins préférés de Sana au Japon
Coin n°1 : le port de Nagoya

Autant mettre les choses au clair tout de suite. Le port de Nagoya n'est pas très joli. Ce n'est pas un port de plaisance, c'est un port de commerce, et l'eau n'est pas très belle, toute rouge (oui, ne me demandez pas comment ça se fait, parce que je n'en sais rien, mais sachez que je n'exagère pas, cette fois, il aurait fallu me payer pour que je mette un doigt de pied dedans), et on est dans une baie, donc on ne voit pas vraiment la mer, on sait que c'est la mer, mais on ne la voit pas, et au bout, il y a un énorme pont (que j'adore, mais là n'est pas le sujet), et des caisses de containers, et une jetée en béton, et bref - c'est pas très joli. 

Toutefois, lorsqu'on sort du métro "Nagoyako" (port de Nagoya), qu'on laisse sur sa droite le très célèbre aquarium (auquel je ne suis jamais allée alors que j'ai habité à trois pas pendant un an), et qu'on continue, les voitures ne viennent plus sur l'avenue (vu qu'au bout, c'est le port, donc c'est une impasse), il y un très grand bâtiment blanc qui a une forme bizarre, qui est probablement le bâtiment où sont gérées les entrées et les sorties du port, et à gauche, il y une immense esplanade, où ont lieu des festivals pendant l'été (le feu d'artifice du port est tiré pas loin de là), mais qui, lorsque j'y vais, est juste absolument désert, et un joli parc derrière, tout aussi désert, et encore après ça, les dernières façades italiennes que j'avais repérées la première fois et qui étaient en cours de destruction et qui ne seront probablement plus là la prochaine fois que je viendrai. 

Le bâtiment bizarre, que j'aime beaucoup

Le port. Vous voyez le pont au fond ? C'est mon pont. (Mais cette histoire d'amour sera pour le prochain article.)
Ma fontaine (et si vous regardez bien, vous voyez un joli plan de glycine derrière, devant les palmiers)

Près de la jetée (on voit pas trop le béton, tant mieux.)




Mes façades italiennes qui vont sans doute disparaître sous peu...

Mon immense esplanade vide que j'aime beaucoup aussi.

Bref, j'adore ce parc, son calme, et le fait qu'il n'y ait jamais personne là-bas (j'aime beaucoup les endroits déserts), et quand il fait beau (et ce lundi, il faisait très beau), j'ai toujours l'âme qui chante de venir là. 

Après avoir profité de la solitude du lieu, des glycines dans le parc, de la fontaine toute bleue, de l'esplanade vide au soleil, et de la vue sur la mer (oui, elle est pas jolie, mais ça reste la mer!), je suis repartie chez la famille Iwase, où on a joué au Jungle Speed que j'avais offert aux enfants à Noël d'il y a deux ans et demi, et où on a mangé des boulettes de viande frites au soir qui étaient délicieuses. 

Le lendemain, j'avais pour projet d'aller du côté de la fac, et du parc de l'autre côté de la Linimo (le métro local). 

Rubrique : les coins préférés de Sana au Japon
Coin n°2 : Moricoro Park

J'aime beaucoup les endroits calmes et déserts. Moricoro Park étant situé de l'autre côté de l'arrêt de train de ma fac, je m'y suis rendue plus souvent qu'à mon tour à la pause déjeuner, ou lorsqu'un cours était annulé, pour profiter du calme du jardin zen et de la jolie balade à côté. 

Manque de bol, ce mardi-là, il y avait un évènement particulier, et des hordes d'écoliers en chapeaux jaunes peuplaient la Linimo et convergeaient vers le parc à la sortie du métro. Je me suis dit "ouh là". (Il faut savoir que je n'ai pas trop la fibre avec les enfants.) Mon plan "je m'arrête à Moricoro Park et je lis tranquillement assise dans un petit coin tranquille à l'ombre avec devant moi le lac et les beaux arbres aux feuilles ondulant tranquillement dans le vent" s'est vite transformé en "je joue à cache-cache avec les écoliers et j'emprunte les chemins où ils n'y sont pas". Je n'avais pas trop la foi de me faire dévisager bouche bée pendant toute une matinée, et ça avait déjà bien commencé dans la Linimo, avec les gosses qui étaient à côté de moi. 

J'ai donc bien pris mon temps pour les laisser partir devant (technique qui n'a servi à rien au demeurant puisqu'ils se sont installés par terre à l'entrée pour recevoir des instructions de leurs professeurs). Je me suis donc dépêchée de les laisser derrière, en passant par l'ouest, où j'avais souvenir d'une petite promenade toute sympathique avec une sorte de petit promontoire, un peu reculé. A peine arrivée au promontoire, débarque une nouvelle horde de gamins. Je m'enfuis donc vaincue, et me dirige vers le sud du parc, la Promenade n°1, ma préférée avec le lac, et le jardin zen. Ouf, apparemment, l'évènement avec les gosses avait lieu dans la partie nord, et ils ne m'ont pas suivie jusque là. J'ai donc pu tranquillement m'extasier sur la beauté et la tranquillité du lieu, sur le magnifique vert des érables (shinryoku, "nouveau vert", c'est comme ça qu'on appelle les feuilles du printemps qui viennent juste de naître, et c'est magnifique), et lire avec un profond sentiment de béatitude. 

Les érables verts et les érables rouges (qui ne sont normalement rouges qu'en automne, au moment de kôyô, mais là c'est une sorte particulière d'érables, paraît-il).

La Promenade du Moricoro Park que j'aime tellement, et qui est magnifique tout le temps, mais encore plus au printemps et à l'automne.

Un joli petit pont japonais.

Contraste d'érables avec le lac derrière...

Puis, je suis allée visiter ma fac, et surtout les endroits que j'aimais le plus : là où les pianos peuvent être utilisés par tout le monde dans de petits studios, et derrière la cantine, là où on a une jolie vue sur les collines de derrière (mon ex-fac est un peu perdue dans la nature, et c'est très joli). 

Ensuite, j'avais rendez-vous avec Iwase-san, qui voulait me faire connaître un endroit qu'on lui avait fait connaître : un parc nommé Shiomi Kôen dans la ville de Tajimi (je dis ville, mais en fait le parc était en pleine montagne, vraiment, il fallait monter une route en zigzag pendant un quart d'heure, déconseillé à ceux qui sont malades en voiture!). Un endroit absolument désert lui aussi, d'où, par les jours de beau temps, on peut voir les hautes montagnes de Nagano, le mont Ontake (celui où il y a eu l'éruption), la montagne Ibukiyama de l'autre côté, bref. Ce jour-là, il faisait un peu brumeux donc on n'a pas pu les voir, mais la vue était quand même sublime ! 

Il y avait aussi dans le parc un petit bois magnifique, qui sentait la nature, avec un rossignol japonais qui chantait, sans aucun bruit parasite, pas de voiture, pas de camionnette d'élection, rien que le vent dans les feuilles et le chant des oiseaux, le petit tube de bois de bambou typiquement japonais qui se remplit d'eau avant de tomber avec un "poc" et de se remplir à nouveau, et qui s'appelle shishi odoshi (si vous ne voyez pas de quoi je parle, eh bien tant pis, je ne peux pas trop le décrire, parce que c'est vraiment quelque chose de typiquement japonais), et c'était juste le bonheur sur terre. (J'aime beaucoup la nature.)

Le shishi-odoshi, le "truc qui fait poc!" à gauche (le lien mène à son article Wiki).

Le bois tranquille et paisible de Shiomi Kôen.

Ensuite, on est rentrés à la maison, et le soir, on a mangé un shôgayaki (de la viande cuite dans la sauce shôga) cuisiné par Iwase-san qui était si bon que j'aurais pu lécher l'assiette si je n'avais pas eu peur de paraître mal élevée (même si j'étais à deux doigts quand même). 

Et le lendemain, ah, le lendemain... Le lendemain, on est allés à Ise. Mais c'est encore une longue partie, donc je vous la raconterai dans un autre article. 

A bientôt !

jeudi 23 avril 2015

Du Japon et du bruit (ou l'art de se plaindre)


Il y a un truc qui me fascine (ou pas, c'est une figure de style) avec le Japon, c'est la relation contradictoire qu'ils ont avec le bruit.

Généralement parlant, les Japonais sont des gens tranquilles et disciplinés, c'est bien connu. On ne rit pas trop fort dans la rue, on ne parle pas trop fort dans le métro, on n'y téléphone surtout pas pour ne pas déranger les autres, bref, on attend des citoyens qu'ils soient des gens civilisés. Ce que je respecte. Dans mon appartement, il est interdit de marcher trop fort, de mettre la musique trop fort, de parler trop fort, et faire une fête entre amis est proprement inimaginable. Pas plus tard que ce matin, et après moins d'un mois passé dans mon appartement, j'ai déjà reçu dans ma boîte aux lettres un prospectus déclarant que quelqu'un faisait trop de bruit dans l'immeuble et qu'il faudrait baisser d'un ton. (Je ne me suis pas sentie visée, parce que je passe toutes mes journées à travailler ou à lire en silence, à part les fois où je passe l'aspirateur (mais comme il fait un potin du tonnerre j'essaie de faire ça le plus vite possible.))

Toujours est-il qu'on nous demande d'être très calmes. À les entendre, il faudrait presque arrêter d'exister. (Pas de fête avec ses amis ? Pas de musique ? Ça va quoi, on n'est pas des bêtes! Faut se détendre, les mecs!)

Et à côté de tout ça, il y a la rue. La Rue.

Je ne comprends pas comment, tout en insistant AUTANT sur l'importance de respecter le calme de ses voisins de palier, les japonais peuvent être aussi tapageurs dehors. Je suis censée habiter un quartier tranquille, une rue isolée, où il n'y a pas beaucoup de passage, et pourtant.
 
Bon, déjà, il y a l'aéroport dans la ville d'à côté, Itami. Mais ça c'est pas pareil, j'aime bien voir les avions décoller, et le bruit ne me dérange pas. Bref.
Il y a d'abord le camion des poubelles, qui fait sa petite musique caractéristique "coucou, c'est nous les éboueurs, on espère que vous avez sorti vos poubelles, sinon on vous le rappelle en mettant la musique à fond", et qui bien entendu, passe à huit heures du matin. Cinq jours sur sept.

La musique s'appelle "La chanson de Takarazuka". Moh. C'est mignon. (Et le camion est rose. Forcément, c'est un camion-poubelle, mais japonais, alors il se DOIT d'être kawaii.)

Ensuite, il y a le camion des encombrants, qui annonce au mégaphone que si on veut se débarrasser de certains meubles, ils sont là pour les reprendre, moyennant finances.
Ensuite, il y a les pubs diverses et variées, toujours annoncées au mégaphone. Les pubs pour du warabi mochi (de la pâte de riz gluant enrobé de poudre de thé vert) par exemple. D'accord, je comprends, c'est de la bouffe, donc c'est super important, mais QUAND MÊME.

Et ensuite, il y a ce qu'il y a maintenant, c'est-à-dire, une période d'élections. C'est-à-dire, des camionnettes de support aux candidats, qui passent par toutes les petites rues en criant très fort au mégaphone "je suis machin ! Votez pour moi ! Je m'occupe des écoles primaires, des machins, des bidules ! Je suis MACHIN ! MACHIN ! MACHIN ! Merci beaucoup !" qui passent et repassent plusieurs fois par jour (je pense qu'hier dimanche, on a dû frôler les trente fois. Il y en a un qui est déjà passé deux fois depuis que j'ai commencé à écrire cet article. Promis, demain je compte, sans rire). Il y a les messages enregistrés sur un ton monotone et les messages enregistrés d'une voix si hystérique qu'on a l'impression que la pauvre nana (oui, c'est toujours une nana qui fait les annonces) va exploser sous peu, ou va finir par s'asphyxier.
Sans compter les MANIFESTATIONS électorales, avec un mec qui défile dans la rue en gueulant au mégaphone (TOUJOURS le mégaphone) de voter pour tel abruti, et quarante péquenauds derrière lui qui le suivent en répétant toutes ses phrases. Le tout à huit heures du matin un dimanche.
AAAAAAAAH.

Ça m'a rappelé un dimanche en février, je crois, où il faisait beau et où, avec mes parents et mon frère, on était allés passés l'après-midi chez ma sœur, qui habite un coin très tranquille dans le Tarn. On mangeait du gâteau sur la terrasse, et au loin, sur la colline d'en face, il y avait un tracteur ou quelque chose du genre, dont on entendait vaguement le bourdonnement continuel. Mon beau-frère disait que c'était pas croyable de gâcher le dimanche des gens comme ça.
Cher beau-frère, je sais que tu ne le feras pas, mais je te le dis quand même : ne viens jamais habiter au Japon.

Il y a aussi tous les petits bruits parasites quand tu te déplaces, comme par exemple la petite musique de quand tu rentres dans un convenience store, pas un simple "ding", non, de la MUSIQUE (oui, Family Mart, c'est de toi que je parle, mais tu n'es pas tout seul), la dame des escalators qui t'annonce "vous êtes sur un escalator qui monte" (oui, merci de me le dire madame, je ne m'en étais pas rendue compte), les ambulances qui huuurlent, qui huuuuurlent dans la rue, même pendant la nuit, les motos qui passent en pétaradant (ah tiens, voilà la camionnette électorale qui repasse pour la troisième fois!), etc…

Alors voilà. Japon, je ne comprends pas. Si tu passes ton temps à imposer le silence à tes habitants, pourquoi est-ce que tu ne le fais pas jusqu'à bout ? Pourquoi une musique pour un camion de poubelles ? On SAIT qu'il va passer à huit heures trente du matin, c'est marqué sur le planning ! Pourquoi vouloir à tout prix réveiller les pauvres hères qui ont besoin de dix heures de sommeil pour bien récupérer ? Et toutes tes propagandes électorales, je ne sais pas, mais si j'avais le droit de vote dans ton pays, ce serait le moyen le plus radical pour me pousser à voter pour le seul qui ne passe pas la journée à m'emmerder ! (Ah tiens. Quatrième fois. Gniiih!)

Le Japon et le bruit, le mystère reste entier.

(Cet article vous a été pondu par les nerfs de Sana, qui sont mis à l'épreuve depuis cinq jours de campagne électorale intensive, et qui ont encore trois jours à tirer jusqu'aux élections de dimanche prochain.) 

Allez, la prochaine fois je vous pondrai un article plein de rêve et de bonheur, pour compenser ! (Surtout que je vois ma famille d'accueil à Nagoya donc ça va être fort probable.)

Des bisous à vous en attendant ! 

mardi 21 avril 2015

De mes épiques épopées épineuses



Salut à tous !

Je n'ai toujours pas Internet, et je n'ai toujours pas posté le premier article que j'ai écrit (même si, quand vous lirez ces mots, c'est que les choses auront changé entre temps), mais il ne sera pas dit que je serai restée inactive pendant cette période creuse, et comme vous le voyez, je pense à vous.

Voici donc une semaine que je suis arrivée dans mon appartement à Takarazuka. Premières constatations en vrac : les cerisiers sont très beaux en ce moment (la rue qui passe au dessus de chez moi en est pleine), mais probablement plus pour longtemps ; il pleut relativement beaucoup (la faute aux petites montagnes qui bordent la ville, un peu plus loin, ou à une année particulièrement pourrie?) et il fait pas mal de vent ; le camion de poubelles est rose et il fait une petite musiquette quand il passe le matin ; dans la journée, quand il fait beau, il fait CHAUD, et la nuit, il caille ; les corbeaux sont très nombreux dans mon coin et aiment aller fouiller les sacs poubelles laissés à l'abandon ; je n'ai toujours pas de canapé mais je me suis fait un fauteuil avec mon futon replié ; JE N'AI TOUJOURS PAS INTERNET. (Mais j'ai un vélo, il s'appelle Thorin et tout comme son homonyme, il est un peu vieux mais très beau.)

Je commence à fournir petit à petit mon appartement avec des objets achetés dans le 100¥ shop près de chez moi (qui est à la fois un paradis et un enfer sur terre, ou l'Antre de la Tentation). Oh, ce rideau de douche ! Ça tombe bien, j'en avais besoin. Aah, la tasse pour mettre la brosse à dent ! Je peux pas faire sans. Oh génial, un adaptateur pour brancher deux paires d'écouteurs ! Je cherche ça depuis des mois ! Une casserole ! Trop pas cher ! Ooh, une moumoute pour mettre sur la lunette des toilettes ! J'aurai plus froid aux fesses en hiver et ce sera tout doux ! 

Voilà. Basiquement, c'est moi dans un 100¥ shop.  Je repars toujours avec un tas d'articles dont je ne savais pas que j'avais terriblement besoin (et que j'oublie une fois rentrée à la maison). Génial, un truc pour passer le fil dans le chas des aiguilles ! Toujours est-il que c'est très pratique quand il faut fournir sa maison et qu'on n'a pas envie de dépenser des mille et des cents dans des fournitures dont on devra se débarrasser à la fin de l'année.

Il paraît que mon quartier est un super quartier, parce qu'on y trouve des supermarchés pas chers, des 100¥ shops (deux pour l'instant à ma connaissance), Sushiro, un restaurant de sushis pas cher (oui, c'est pour ça que j'ai choisi d'habiter ici, gnihihi), Sukiya (qui est une chaîne de restaurants de gyûdon, qui est un bol de riz garni de tranches de bœuf, décliné de toutes les façons possibles et imaginables, et absolument trop bon), un Mister Donuts et un Mc Do près du supermarché Izumiya, etc. Jusqu'ici, je suis plutôt d'accord avec cette assertion, à l'exception d'un point crucial : même au Mc Do il n'y a pas de spot wifi ! Je me résigne donc à errer comme une âme en peine, le smartphone tout prêt à être dégainé à la moindre occasion pour tester les connexions des environs, en attendant d'avoir Internet chez moi (ce qui, je l'espère, ne saurait tarder). 

Edit du jeudi 9 avril 2015. Mes pèlerinages m'ont d'abord mené à avoir un accès internet à Namba (environ une heure trente de route, de porte à porte), puis à Umeda (une heure de route), puis j'ai trouvé un WiFi gratuit dans un Family Mart de Shukugawa (trois quarts d'heure de route), et j'ai découvert l'autre jour un Tully's Coffee avec WiFi (une demi-heure de route), avant d'entendre parler d'un café Lemon Tree près de ma gare (un quart de route). Mais ça, c'était avant aujourd'hui, avant de parvenir à me connecter à Internet au free WiFi du Family Mart à deux rues de mon appartement (cinq minutes de route).
Pour très bientôt le moment de l'upgrade "aucune route à faire pour avoir Internet", on l'espère. (Probablement avant d'avoir posté cet article, j'imagine…)
Edit du mardi 21 avril 2015 : c'est bon, les gars ! J'ai Internet depuis aujourd'hui !

À part ça, je me faisais une montagne de toutes ces formalités au Japon, mais il n'empêche que j'ai vaincu avec brio les premiers ennemis que j'ai eus à confronter : 1) la signature du bail, mais je vous en ai déjà parlé. 2) La création d'une téléphone portable. Ça, c'était chaud, je l'avoue. D'ailleurs, je vais même vous en raconter les détails une fois que j'aurai fini ma liste, parce que c'était assez drôle. Mais reprenons : 3) l'inscription à la mairie pour faire enregistrer sa nouvelle adresse ; 4) aller à la banque pour faire revivre mon compte, changer mon code secret de carte bancaire et mettre des sous sur le tout pour faire des virements aux divers établissements à qui je devrai de l'argent sous peu. 5) Internet chez moi.

Mais revenons à notre 2) le téléphone. Rappelez-vous qu'à Kansai Airport, le monsieur de Softbank m'avait dit qu'il était sur le point de fermer et qu'il faudrait que j'aille voir ailleurs. Sans me décourager (mais un peu découragée quand même), et surtout sans Internet pour trouver des boutiques Softbank, je me suis aperçue qu'il existait quelque chose près de ma gare, Obayashi, dans le supermarché Izumiya, et j'y suis donc allée. La nana m'a rapidement fait comprendre qu'elle ne faisait pas ça (c'était une toute petite échoppe qui faisait des portables non seulement Softbank, mais aussi AU et Docomo). Je lui ai donc demandé où je pourrais trouver une boutique Softbank spécialisée pas loin, elle m'a répondu "je sais pas". Bon. Ben moi non plus, madame. 

J'ai donc décidé de faire une longue route pour aller à Sannomiya, Kôbe, où Marine SAVAIT qu'il y avait une boutique Softbank, puisque c'était là qu'elle avait fait son portable. J'en ai trouvé une dans la gare. Le monsieur me dit gentiment qu'il ne fait pas de carte prépayée, et m'indique une autre boutique dans une rue voisine. J'y vais. 

Là, un monsieur ET une stagiaire m'accueillent : l'un en parlant à la vitesse de la lumière, l'autre en articulant les mots comme si j'étais débile. Toujours est-il que je ne les comprends ni l'un ni l'autre, jusqu'à ce que je remarque qu'ils veulent absolument me faire acheter un portable sur lequel il y a une campagne de promotion, et le forfait sur 2 ans en conséquence. Oui, mais non. Moi je suis là pour un an, et les forfaits à briser avant la fin du temps imparti, j'ai déjà donné avec Orange, thank you. Je leur demande pour la millième fois s'ils ne font pas de carte prépayée, et ENFIN ils répondent non. Je m'en vais, la mort dans l'âme. 

Le lendemain, je décide par hasard de prendre une autre route pour rejoindre la gare d'Obayashi depuis chez moi : que vois-je ! Je tombe sur un magasin Softbank sur la route ! Prenant ça comme un signe du destin (et de l'incompétence de la vendeuse de la petite échoppe à une rue de là, qui m'a dit qu'elle ne savait pas où trouver une boutique spécialisée), j'entre. J'attends une bonne demi-heure que quelqu'un se libère, et une nana avec un masque anti-microbes m'accueille (je déteste quand les gens parlent avec des masques, déjà qu'en général je comprends un mot sur trois, là, le ratio chute drastiquement). Je lui fais comprendre ce que je veux, elle me demande si je veux réutiliser mon ancien numéro qui date de trois ans auparavant. Je me dis que ça s'annonce bien et je lui dis que oui. Elle va consulter son chef et m'apprend qu'en fait ça ne sera pas possible parce que l'ancien contrat n'était pas à mon nom, etc, etc. Alors je demande un nouveau, et là elle me dit que chez eux ils n'ont pas la carte SIM appropriée. (Et là, j'ai envie de me tirer une balle). Alors je lui demande où ils en font, et elle me dit d'aller voir à Sakasegawa, l'arrêt de train suivant, on sait jamais.

Alors je sors, toujours la mort dans l'âme, et je monte dans le train pour Sakasegawa, et c'est qu'a lieu le vrai signe du destin, puisque quelqu'un, en me touchant le bras après que je sois montée dans la rame, me fait pousser un hurlement de terreur, et je réalise que c'est Marine, qui était auparavant montée dans le même train, dans la MÊME rame (et pourtant, Dieu sait que les trains sont pas petits au Japon), mieux encore, qui s'était assise juste à côté de la porte où je suis entrée. (Je vous jure, ça m'était jamais arrivé un truc pareil.)

Après qu'on ait poussé des glapissements de bonheur (et effrayé tous les autres passagers) à l'idée d'une pareille coïncidence, elle me dit qu'elle est là avec ses deux tutrices, Kanae et Mizuki, et qu'elles vont ensemble s'enregistrer à la mairie (ce qui constituait le n°3 de ma liste d'un peu plus haut, pas vrai que ça tombe bien?). Du coup, j'y vais avec elles, tout en faisant connaissance avec les deux filles adorables et en remarquant que la mairie n'est probablement pas très éloignée de chez moi à pied, en fait, et après un looong moment d'attente, Marine est refoulée à la mairie parce qu'elle n'a pas son passeport, et moi, je parviens à la fois à m'inscrire ET à refuser l'assurance santé qu'on me propose (que je n'ai jamais payée la première fois et pour lesquelles on m'envoyait des relances et des avertissements par téléphone, tu te souviens, cher lecteur?). Double victoire pour moi, donc, pour Marine, on décide de revenir le lendemain.
 
Quoi qu'il en soit, l'ennemi n°3 vaincu, le n°2 est encore là, et dans un élan de grandeur d'âme, Kanae et Mizuki acceptent de venir avec moi à Softbank pour le portable. Et là ! Miracle ! Je suis accueillie par un beau jeune homme (en masque, certes, mais bon), et Kanae et Mizuki me répètent plus lentement et plus simplement les parties que je ne comprends pas, et finalement, en sortant de la boutique, j'ai un portable ! Fini les rendez-vous au préalable avec Marine ! Fini l'impossibilité de changer ses plans à la dernière minute !

Je me sens de tellement bonne humeur que je suis capable d'affronter le n°4 là tout de suite (la banque), mais on a attendu longtemps à la mairie, et au Japon, les banques ferment à 15h (on peut dire qu'ils s'emmerdent pas!). Ce sera donc pour le lendemain.  

Mais le lendemain, avant toute chose, il faut aller enregistrer Marine à la mairie, ce qui s'avère drôlement moins facile que la veille, parce que la veille, c'était le jour où tous les nouveaux étrangers du coin devaient venir s'inscrire, apparemment, et en conséquence, il y avait des gens pour nous guider et pour nous faire attendre dans des pièces spéciales, mais là, en arrivant, le rush de nouveaux arrivants étant passé, il n'y avait plus personne pour nous guider et on s'est retrouvées bien en peine de savoir quoi faire. Finalement, une bonne âme est venue à notre rencontre pour nous aider, et au bout d'un certain temps d'attente, Marine a enfin pu s'inscrire à son tour – à la suite de quoi on est allées à la banque. 

Note, cher lecteur, que déjà en France, je n'aime pas les banques, mais qu'elles ont un incroyable avantages : leurs employés parlent français. Alors cette histoire de banque japonaise, moi, ça me torturait l'estomac depuis un bon moment. J'avais déjà deux comptes bancaires japonais, ouverts à l'époque de mon ancien séjour, mais inutilisés depuis deux ans et demi, je ne savais pas s'ils étaient toujours valides. 

(Pour ta culture générale, ami qui lit ces lignes, il faut savoir que les comptes bancaires japonais sont assez différents des comptes français. Déjà, on te donne un livret bancaire avec, que tu peux mettre dans la machine et tout (ouais ouais, c'est drôle), et une carte bancaire. Cette carte, tu ne la paies pas comme nos cartes françaises, mais c'est parce que c'est une "cash card", autrement dit, elle ne sert qu'à retirer de l'argent : tu peux oublier l'idée de payer avec dans un magasin. De toute façon, tu peux généralement oublier l'idée de payer par carte bancaire où que tu ailles au Japon : l'argent liquide est infiniment plus utilisé. Tout ça pour dire que les cartes bancaires étant gratuites, je n'ai pas fermé mes comptes quand j'ai quitté le territoire la première fois. Ceci étant posé, continuons.)

Malheureusement, il y a une chose à savoir sur moi, c'est que j'ai une mémoire dont un malade d'Alzheimer lui-même aurait honte, à mi-chemin entre le cube de gruyère aux trois-quarts mangé et la cervelle de pigeon irradié : par conséquent, quand, incapable de me rappeler du code de ma carte bancaire rouge, mais décidée à essayer quand même d'en tirer du fric, j'ai bloqué la carte, je me suis rajouté un nouveau problème sur les bras. 

On est donc arrivées à la banque en tentant (pour ma part) de  se faire minuscules, et la dame m'a vite appelée à l'accueil pour passer aux choses sérieuses. Étrangement, tout s'est passé sans anicroche, qu'il s'agisse de savoir si je pouvais toujours utiliser mon compte après toutes ces années (oui, je pouvais!), de mettre des sous dessus (oui, je pouvais aussi!) ou pire encore, de changer le code de ma carte (OUI, je pouvais!!). Je suis ressortie de là émerveillée d'avoir vaincu le grand Géant, qui au final n'était pas si terrible que ça. (Bon, pas que je le referais sciemment, m'enfin.)

Ce qui nous ramène au numéro 5, dont le processus est malheureusement toujours en cours. J'ai trouvé une gentille âme (payée) pour se charger à ma place de la souscription à Internet, ce qui n'est pas rien, car les offres Internet au Japon me paraissent affreusement compliquées. Déjà, il y a une multitude de choix : commencer par faire une sélection de ceux qui offrent un service client en anglais paraissait une relativement bonne idée. Ensuite, à la différence de la France, il faut payer deux sociétés : celui qui te fournit le débit Internet, et celui qui te fournit la possibilité de connexion (d'après ce que j'ai compris). Un peu comme France Télécom et les FAI avant que le dégroupage total ne change tout. Il y a quelques sociétés qui font les deux, mais pas toutes évidemment, ce serait trop beau. 

Heureusement, la bonne âme que j'ai trouvée sur Internet m'a expliqué toutes les différences et les possibilités assez clairement, et j'ai donc souscrit à une des offres proposées. Sauf que c'est en avril que tout le monde emménage au Japon, et qu'apparemment NTT, mon fournisseur de haut débit, est diablement occupé en ce moment, donc je n'ai toujours pas de nouvelles. Espérons qu'ils fassent vite. J'en suis réduite à aller squatter l'extérieur du Family Mart derrière chez moi pour devoir jeter un rapide coup d'œil aux dernières nouvelles sur Facebook, et le joli garçon au masque qui tient la caisse doit probablement se dire que je suis bizarre. (Déjà que je l'ai obligé à réceptionner mes trois énormes cartons Amazon la fois dernière…)

Edit du 21 avril : comme la situation ci-dessus s'est résolue cet après-midi, autant vous la raconter tant qu'elle est encore fraîche dans mon esprit. J'avais reçu de la part de ma bonne âme un mail me disant que NTT était assez occupé en ce moment mais qu'il allait essayer d'accélérer un peu le processus. Quelques temps plus tard, j'ai reçu un autre mail me disant que l'installation se ferait donc le 21 avril. 

Internet au Japon, ça se fait pas les mains dans les poches. Déjà, j'ai l'impression que le Wi-Fi est un concept qui ne leur vient pas naturellement, du moins si j'en crois le fait que les modems sont rarement configurés pour. Il faut donc se connecter par câble, ce qui est pas mal embêtant, mais bon, tant que ça marche, moi, je ne me plains pas. 

Faut juste que ça marche, quoi.

Ensuite il faut attendre de recevoir deux lettres, l'une du FAI (le mien s'appelle OCN) avec ID et mot de passe, et l'autre du fournisseur de haut débit (NTT), avec plein d'ID et plein de mots de passe que je sais pas du tout à quoi ils servent. C'est celui du FAI qui est nécessaire pour se connecter par câble, mais bien entendu, moi, je n'avais reçu que la lettre de NTT, avec tous ses mots de passe et ses ID inutiles. 

L'homme est donc venu installer Internet en silence, pendant que Marine et moi on jouait au chinchon (prononcer tching-tchong... un jeu espagnol, comme son nom l'indique) sur la table, pas en silence, et au bout de trois quarts d'heure, il est reparti, et je me suis retrouvée l'heureuse propriétaire d'une connexion non-configurée, donc forcément, qui ne marchait pas. Après avoir en vain essayé tous les mots de passe et ID fournis par NTT, j'ai été bien forcée d'admettre que ceux qui comptaient vraiment étaient dans la lettre d'OCN que je n'ai pas encore reçue. Et croyez-le ou non, il n'y a pas grand-chose de plus frustrant que d'avoir un ordinateur avec un accès internet, sans internet. 

Il n'y avait plus qu'un recours : appeler. Doux Jésus. Il y a quelque chose à savoir sur moi, en dehors de ma mémoire gruyère de pigeon irradié, c'est que je déteste le téléphone, je déteste appeler, je déteste, beuuuh (tu sens la haine profonde, la panique inhérente?). L'installateur d'Internet m'avait déjà appelée deux fois dans la journée, la première fois pour me dire qu'il serait en retard et la deuxième fois pour me dire qu'il arriverait dans 15 minutes (promis, la prochaine fois, pour un rendez-vous prévu entre 13h et 15h (et le gars arrivant finalement sur le coup des 16h), je ne me lève plus à huit heures du matin en me disant qu'ils viendront peut-être un peu plus tôt), et c'était déjà deux fois de trop.

Heureusement, j'avais une possibilité (et si je ne l'avais pas eue, j'aurais sans doute préféré attendre la lettre d'OCN), c'était celle d'appeler le service client d'OCN en anglais. Alors oui, je l'avoue, je me suis rabattue sur la simplicité (encore qu'il faut bien l'avouer, se faire expliquer une configuration en anglais sur un ordi en français par un japonais à l'accent prononcé, c'était pas tout à fait la panacée. (Elle est pas belle, mon assonance?))

Le type m'a donc filé mon identifiant et mot de passe (ceux qui comptaient!) et s'est mis à rire quand je lui ai dit que ça ne marchait pas. (Au moins, il était sympa...) Il a tout de même mis beaucoup de bonne volonté, à rester patiemment au téléphone pendant que j'essayais de faire fonctionner le satané truc, et finalement, finalement, j'ai réussi à me connecter (probablement que le monsieur au téléphone m'a prise pour une folle quand je me suis mis à crier hystériquement "IT WORKS !! THANK YOU IT DOES WORK, THANK YOU!", mais bref). 

Et me voilà donc de nouveau avec Internet, et bon sang ce que ça m'avait manqué, vous pouvez pas imaginer...

Voilà pour l'instant ! Je vous dis à bientôt, j'ai encore un article en rab où je me plains copieusement, ça serait dommage que vous ratiez ça, pas vrai ?

Laterz!