jeudi 23 avril 2015

Du Japon et du bruit (ou l'art de se plaindre)


Il y a un truc qui me fascine (ou pas, c'est une figure de style) avec le Japon, c'est la relation contradictoire qu'ils ont avec le bruit.

Généralement parlant, les Japonais sont des gens tranquilles et disciplinés, c'est bien connu. On ne rit pas trop fort dans la rue, on ne parle pas trop fort dans le métro, on n'y téléphone surtout pas pour ne pas déranger les autres, bref, on attend des citoyens qu'ils soient des gens civilisés. Ce que je respecte. Dans mon appartement, il est interdit de marcher trop fort, de mettre la musique trop fort, de parler trop fort, et faire une fête entre amis est proprement inimaginable. Pas plus tard que ce matin, et après moins d'un mois passé dans mon appartement, j'ai déjà reçu dans ma boîte aux lettres un prospectus déclarant que quelqu'un faisait trop de bruit dans l'immeuble et qu'il faudrait baisser d'un ton. (Je ne me suis pas sentie visée, parce que je passe toutes mes journées à travailler ou à lire en silence, à part les fois où je passe l'aspirateur (mais comme il fait un potin du tonnerre j'essaie de faire ça le plus vite possible.))

Toujours est-il qu'on nous demande d'être très calmes. À les entendre, il faudrait presque arrêter d'exister. (Pas de fête avec ses amis ? Pas de musique ? Ça va quoi, on n'est pas des bêtes! Faut se détendre, les mecs!)

Et à côté de tout ça, il y a la rue. La Rue.

Je ne comprends pas comment, tout en insistant AUTANT sur l'importance de respecter le calme de ses voisins de palier, les japonais peuvent être aussi tapageurs dehors. Je suis censée habiter un quartier tranquille, une rue isolée, où il n'y a pas beaucoup de passage, et pourtant.
 
Bon, déjà, il y a l'aéroport dans la ville d'à côté, Itami. Mais ça c'est pas pareil, j'aime bien voir les avions décoller, et le bruit ne me dérange pas. Bref.
Il y a d'abord le camion des poubelles, qui fait sa petite musique caractéristique "coucou, c'est nous les éboueurs, on espère que vous avez sorti vos poubelles, sinon on vous le rappelle en mettant la musique à fond", et qui bien entendu, passe à huit heures du matin. Cinq jours sur sept.

La musique s'appelle "La chanson de Takarazuka". Moh. C'est mignon. (Et le camion est rose. Forcément, c'est un camion-poubelle, mais japonais, alors il se DOIT d'être kawaii.)

Ensuite, il y a le camion des encombrants, qui annonce au mégaphone que si on veut se débarrasser de certains meubles, ils sont là pour les reprendre, moyennant finances.
Ensuite, il y a les pubs diverses et variées, toujours annoncées au mégaphone. Les pubs pour du warabi mochi (de la pâte de riz gluant enrobé de poudre de thé vert) par exemple. D'accord, je comprends, c'est de la bouffe, donc c'est super important, mais QUAND MÊME.

Et ensuite, il y a ce qu'il y a maintenant, c'est-à-dire, une période d'élections. C'est-à-dire, des camionnettes de support aux candidats, qui passent par toutes les petites rues en criant très fort au mégaphone "je suis machin ! Votez pour moi ! Je m'occupe des écoles primaires, des machins, des bidules ! Je suis MACHIN ! MACHIN ! MACHIN ! Merci beaucoup !" qui passent et repassent plusieurs fois par jour (je pense qu'hier dimanche, on a dû frôler les trente fois. Il y en a un qui est déjà passé deux fois depuis que j'ai commencé à écrire cet article. Promis, demain je compte, sans rire). Il y a les messages enregistrés sur un ton monotone et les messages enregistrés d'une voix si hystérique qu'on a l'impression que la pauvre nana (oui, c'est toujours une nana qui fait les annonces) va exploser sous peu, ou va finir par s'asphyxier.
Sans compter les MANIFESTATIONS électorales, avec un mec qui défile dans la rue en gueulant au mégaphone (TOUJOURS le mégaphone) de voter pour tel abruti, et quarante péquenauds derrière lui qui le suivent en répétant toutes ses phrases. Le tout à huit heures du matin un dimanche.
AAAAAAAAH.

Ça m'a rappelé un dimanche en février, je crois, où il faisait beau et où, avec mes parents et mon frère, on était allés passés l'après-midi chez ma sœur, qui habite un coin très tranquille dans le Tarn. On mangeait du gâteau sur la terrasse, et au loin, sur la colline d'en face, il y avait un tracteur ou quelque chose du genre, dont on entendait vaguement le bourdonnement continuel. Mon beau-frère disait que c'était pas croyable de gâcher le dimanche des gens comme ça.
Cher beau-frère, je sais que tu ne le feras pas, mais je te le dis quand même : ne viens jamais habiter au Japon.

Il y a aussi tous les petits bruits parasites quand tu te déplaces, comme par exemple la petite musique de quand tu rentres dans un convenience store, pas un simple "ding", non, de la MUSIQUE (oui, Family Mart, c'est de toi que je parle, mais tu n'es pas tout seul), la dame des escalators qui t'annonce "vous êtes sur un escalator qui monte" (oui, merci de me le dire madame, je ne m'en étais pas rendue compte), les ambulances qui huuurlent, qui huuuuurlent dans la rue, même pendant la nuit, les motos qui passent en pétaradant (ah tiens, voilà la camionnette électorale qui repasse pour la troisième fois!), etc…

Alors voilà. Japon, je ne comprends pas. Si tu passes ton temps à imposer le silence à tes habitants, pourquoi est-ce que tu ne le fais pas jusqu'à bout ? Pourquoi une musique pour un camion de poubelles ? On SAIT qu'il va passer à huit heures trente du matin, c'est marqué sur le planning ! Pourquoi vouloir à tout prix réveiller les pauvres hères qui ont besoin de dix heures de sommeil pour bien récupérer ? Et toutes tes propagandes électorales, je ne sais pas, mais si j'avais le droit de vote dans ton pays, ce serait le moyen le plus radical pour me pousser à voter pour le seul qui ne passe pas la journée à m'emmerder ! (Ah tiens. Quatrième fois. Gniiih!)

Le Japon et le bruit, le mystère reste entier.

(Cet article vous a été pondu par les nerfs de Sana, qui sont mis à l'épreuve depuis cinq jours de campagne électorale intensive, et qui ont encore trois jours à tirer jusqu'aux élections de dimanche prochain.) 

Allez, la prochaine fois je vous pondrai un article plein de rêve et de bonheur, pour compenser ! (Surtout que je vois ma famille d'accueil à Nagoya donc ça va être fort probable.)

Des bisous à vous en attendant ! 

3 commentaires:

  1. OZAKIII OZAKIIII OKAKI DESSSSSU !!!

    Rhaaaa xD
    J'ai failli me faire écraser par une de ces camionnettes en rentrant d'ailleurs.... (et je me suis demandé si ça ne ruinerait pas la carrière politique d'Ozaki si elle m'écrasait ahah)

    Ah et la musique du supermarché pas loin de chez toi qui donne envie de danser et de chanter... Et la musique du Hyakuen shop aussi avec ses 来て来て-- !

    Par contre on a toujours pas de bruit près des feux rouges qui indiquent aux piétons qu'ils peuvent traverser.... ^^ (celle là me manque !)

    Pour les camions poubelles, je me demande si c'est pas pour prévenir des accidents ? Parce que les rues sont étroites, que les gens le matin vont à pied ou en vélo au boulot ou à la station de train et que s'ils n'entendaient pas le camion poubelle ils pourraient se le payer ? Alors que là y'a aucun risque à moins d'être sourd !

    Le bruit qui m'embête moi : c'est quand je dois traverser un passage piéton à la fac, les deux personnes portées de chaque côté du passage piétons arrêtent pas de dire Dozooooo et tout, c'est un peu chiant mais j'ai surtout pitié pour eux qui passent leur journées à dire Dozo et tout.... T__T

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    1. EBARAAA EBARA DE GOZAIMASU !

      Aaah, ce Ozaki...
      Ouais, la musique du Hyakuen Shop je l'aime bien ! Po po po ! Kite Kite !

      Pour les camions poubelles, j'en sais rien, à mon avis c'est juste par amour du bruit =o=' (mais t'imagines les pauvres éboueurs qui doivent la supporter non-stop... quelle torture!)

      Ouais, c'est moche comme boulot ça ! Surtout en été !

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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