mercredi 18 mars 2015

De la paperasse (version 2.0)

Salut tout le monde !

Chose promise, chose due (et surtout, je suis censée travailler et j'ai pas envie, donc c'est une excuse comme une autre pour honteusement sécher le boulot), voici mes pérégrinations paperassiques version 2.0. De l'action ! Du suspense ! Du stress, du sang et des larmes !
(Traduction : c'est un post long où je passe mon temps à râler. Histoire que vous soyez prévenus.)

Je t'ai donc, cher lecteur, raconté pourquoi, un peu brutalement, j'ai une nouvelle fois décidé de m'exiler à l'autre bout du monde. C'est l'heure de raconter le comment. 

Une fois la décision prise (ce qui ne s'est pas fait sans certaines hésitations, tu pourras demander à ma maman qui en sait quelque chose... ("Bon ! J'y vais finalement!" "Ah oui?" "Roh, non, en fait j'y vais pas... Y'a mon bébé chat Soya et tout..." "Ah bon." "...Bon ! C'est décidé, j'y vais!" "ça fait juste vingt mille fois que tu changes d'avis en dix minutes." "Je sais mais... roh allez, j'y vais!" "Et Soya?" "Argh ! Je peux pas laisser Soya toute seule!" "...") ...bref), une fois la décision prise, disais-je donc, il a fallu s'intéresser au côté pratique de la chose. 

A savoir que j'allais devoir a) demander le visa, b) prier pour qu'on me l'accorde, c) me trouver un appart, d) ME TROUVER UN APPART. (Sachant qu'en tant qu'étranger, c'est loin d'être évident.) La première fois, j'avais réussi à manœuvrer de façon à me sortir de ce piège, puisque c'était la fac qui avait fait les démarches pour moi, ce dont je lui suis, rétrospectivement, incroyablement reconnaissante. Je n'avais pas réalisé à l'époque à quel point c'était juste miraculeux d'avoir une chambre meublée pour seulement 20,000 yens par mois (soit environ 180 euros), avec salle de bain privative (d'accord, elle faisait 2m², MAIS elle était à moi), possibilité d'avoir internet au 4ème étage, machine à laver, bureau de poste de l'autre côté de la rue, métro à trois minutes à pied et supermarché en bas de l'immeuble, et un Sushiro (mon resto de sushi préféré) ainsi qu'un Book-Off à dix minutes en vélo. Non, tout ce que je trouvais à faire, c'était de me plaindre (parce que j'aime beaucoup me plaindre, comme tu l'auras sans doute remarqué) qu'il n'y ait pas de combini proche de chez moi.

Naïve enfant.

Cette fois-ci, donc, il m'est apparu que je devrais faire les démarches moi-même. D'abord, demander le visa. Boudidiou, qu'est-ce qu'il faut pas réunir pour l'avoir, ce visa ! Tous les documents doivent être datés de moins d'un mois auparavant, à savoir, l'attestation de la banque comme quoi tu es riche, le certificat médical comme quoi tu es en pleine forme, le récit de touuut ce que tu vas faire quand tu seras au Japon, mois par mois, et de comment tu vas faire pour trouver tes sous là-bas (parce que c'est un visa vacances-travail, attention, ce qui veut dire que tu peux travailler, mais PAS TROP, et tourismer, mais PAS TROP NON PLUS.), une lettre de motivation expliquant pourquoi tu tiens absolument à t'expatrier dans un pays aussi différent du tiens, un CV parce que bon, voilà, un formulaire auquel tu ne comprends rien et dont tu laisses la moitié vide parce que c'est plein d'informations que tu n'as pas encore, genre ton adresse là-bas ou le numéro de ton vol pour l'aller (bah oui, tu vas pas louer un appart ou acheter un billet d'avion si tu sais pas si ton visa va être accepté, déjà, soyons logique). Ah oui, et n'oublions pas la photo.

Bref, une fois tous ces papiers réunis à la sueur de ton front, il faut se rendre à l'ambassade de Paris, si tu habites dans à peu près la majorité de la France, c'est à dire au nord, au centre, ou à l'ouest. Si comme moi, tu as décidé d'émigrer vers le sud de la France, près de Toulouse, il faudra te rendre à Marseille. 

Oh peuchère, Marseille. C'est pas que j'avais pas envie d'y aller. C'est que j'avais TRÈS TRÈS pas envie d'y aller. Je suis du genre stressée, et l'idée d'un voyage à Marseille me paraissait tellement insurmontable (et l'idée d'une NUIT à Marseille me paraissait juste inconcevable) que je me suis dépêchée, je suis partie vite-fait le matin, et je suis revenue fissa dans la journée, après mon passage au consulat. 

J'avais gardé de l'ambassade de Paris (où j'avais demandé mon visa étudiant, étant encore lilloise à cette époque) un souvenir plutôt raide, détecteur de métal, attente, grand hall, guichets fermés, visages fermés, bref, de quoi impressionner une petite étudiante impressionnable. 

Je garderai du consulat de Marseille l'image d'un bureau tout petit, au bout d'un escalier, suffoquant de chaleur grâce aux baies vitrées plein Sud inondées de soleil (mais les mecs, fait toujours chaud chez vous ou quoi ? On était en janvier!), un vigile en guise de détecteur de métal, qui me demande juste de lui donner mon portable, et personne, personne, PERSONNE d'autre que moi. (Personne ne demande jamais de visa à Marseille, ou quoi?) Plutôt sympa, dans l'ensemble. Marseille, je regrette mes préjugés sur toi. (Surtout qu'au bout de l'avenue du consulat, y'avait la mer, et ça, c'est quand même cool).

Bref. La chose s'est avérée plutôt simple, à part pour parler à la gentille réceptionniste et constater que mon maigre japonais acquis durement pendant un an là-bas s'est depuis longtemps barré en courant, et deux jours plus tard, je recevais le Graal chez moi par Chronopost.

C'est là qu'il a fallu passer à la suite, le Problème n°2 : l'appartement.

Grâce à Sweet, mon amie, qui est environ un milliard de fois plus débrouillarde que moi, et qui a eu la gentillesse de me diriger vers quelques sites immobiliers spécialement pour étrangers (chercher un appartement en japonais, moi qui ai oublié comment dire "merci" en forme polie ? Jamais!!), j'ai donc commencé par repérer des appartements susceptibles de correspondre à mes attentes. 

Il faut savoir qu'au Japon, il y a plusieurs choses qui sont embêtantes quand il s'agit de louer un appartement.
- Déjà, il faut un garant. Pas de garant, pas d'appart. Or, quand tu arrives sur le sol japonais avec un visa vacances-travail et que tu ne connais personne, tu ne vas pas demander au premier péquenaud dans la rue de te servir de garant. Heureusement, pour contourner le problème, il y a des sociétés spécialisées qui, moyennant finances, acceptent de se porter garant pour toi. Ouf. Problème résolu. 
- Ensuite, il faut payer la caution. Elle est normalement rendue lorsqu'on quitte l'appartement, mais rarement en entier, à ce qu'il paraît.
- Ensuite, il faut payer le "key money", à savoir un cadeau au propriétaire (équivalent grosso-modo à deux mois de loyer) qui, comme c'est un cadeau évidemment, n'est pas remboursé. Ha ha. Heureusement, le site sur lequel j'ai repéré mes appartements faisait grâce de ce key money pour les étrangers louant via leur page web. Ouf bis. 
- Ensuite, il faut payer le loyer en avance. Du coup, avec les frais de garant, de caution, et de key money (si tu n'as pas réussi à les éviter), c'est le moment où tu commences à être un peu sur la paille. 

Prendre un appart au Japon, ça nécessite de l'argent. Lorsque tu fais ta demande de visa, l'ambassade exige de ta part que tu prouves être en possession de a) 3200 euros, si tu as déjà acheté ton billet d'avion, b) 4500 euros sans le billet d'avion. Et tu te dis, ha ha, 4500€ pour un an ? Laaaaarge! 
Oui ben, pas si large que ça, en fait. 

Ce qui m'inquiétait le plus, à vrai dire, c'était de débarquer sur le territoire et de devoir commencer à rechercher un appart APRÈS. Surtout quand j'ai commencé à chercher des hôtels et que, m'y prenant à la dernière minute comme la bécasse que je suis, j'ai remarqué qu'il n'y avait plus une seule chambre de libre dans tout Ôsaka, hôtel, auberge de jeunesse, guest house, NULLE PART. (True story.) Apparemment, le monde entier compte se rendre à Ôsaka entre le 28 mars et le 10 avril.

J'ai donc envoyé des mails aux gentils gens s'occupant des deux apparts que j'avais repérés (l'un proche de chez Sweet, mais plus cher et moins équipé, et l'autre plus loin de chez Sweet, dans Ôsaka même, mais moins cher et mieux agencé). Au final, il s'est trouvé que l'un (le plus cher) pouvait se réserver en ligne tandis que l'autre non. Soucieuse d'emménager dès mon arrivée pour ne pas me retrouver obligée de squatter les karaokés et les restaurants ouverts 24h/24 avec une valise de 25K à traîner avec moi pendant quinze jours, je me suis donc décidée pour le bâtiment Amour (ça s'annonce bien, je vous le dis), ville de Takarazuka, préfecture de Hyôgo, au nord d'Ôsaka.

Et c'est là, mes amis, que le miracle japonais s'est mis en route, en la personne de Ken (pour la millième fois maman, aucun rapport avec Barbie), surnommé parfois Ken-chan ou Ken-sama par ma personne. Ken, japonais, bilingue japonais-anglais (OUF), qui s'est mis en quatre pour répondre à mes (nombreuses) questions, qui a fait toutes les démarches, appelé les compagnies de gaz, d'eau et d'électricité, demandé un rendez-vous avec l'agence immobilière pour moi, a traduit mon bail de location en anglais, et qui est même allé jusqu'à louer pour moi les meubles dont j'avais besoin pour mon appartement.
 
Ken-sama, je ne sais pas à quoi tu ressembles (probablement à un milliardaire blond aux yeux bleus sculpté comme un dieu, si j'en crois maman), mais sache que je te voue une vénération sans faille. 
("Comme on Laurie let's go party!" "Ooh, it's gonna be so much fun ! Oh, I love you Ken!")
Je vous ai mis la chanson dans la tête ? J'espère que oui.

Durant ce dernier mois, donc, je me suis réveillée chaque jour au son d'un e-mail de Ken-sama, qui a réglé tous les problèmes que j'aurais pu rencontrer, et voici le résultat : arrivée le 27 au soir à l'aéroport du Kansai, j'emménage le 28 au matin dans mon nouvel appartement. Le 28 au soir, j'ai mes meubles.

Évidemment, tout ceci n'est pas allé sans un stress énorme, l'impossibilité de dormir la nuit (et si j'étais à la rue ? Et si j'arrivais et que j'avais pas d'appart ? Et si c'était une grosse arnaque ? Et si je rate le rendez-vous à l'agence au cas où mon avion aurait un jour de retard comme cet été quand je suis revenue de Kôbe ? (True story.) Et si j'oubliais mon doudou? Et si, et si, et si...) mais maintenant que j'écris ces lignes, je me rends compte encore une fois que tout, finalement, est allé dans mon sens, à moi la sale chanceuse, et j'espère fortement que ça va continuer toute l'année. 

Voilà donc. Vous savez tout. Je vous en dirai plus sur mon nouveau chez-moi dès que j'en saurai plus moi-même, et surtout dès que j'aurai internet là-bas. (Euh, Ken-chan ? Tu veux bien m'aider pour Internet, dis?) 

A très bientôt, mes choux à la crème !

mardi 10 mars 2015

D'une résurrection...

Vous n'y croyiez plus ? Eh bien, moi non plus.
Qui l'eut cru, mes braves ! Qui aurait vu venir le jour où ce blog se relèverait de ses cendres, tel Fumseck le phénix ? Vous pensiez être débarrassés de moi et de mes références pourries pour de bon ? Naïfs enfants ! *rire diabolique*

Eh oui. On rempile pour un an, les gars. La Sana s'envole à nouveau vers le Japon, et comme toujours dans ces cas-là, elle décide qu'elle va en profiter pour emmerder le plus de monde possible avec ses articles inutiles et ses cris hystériques d'otaku. Brace yourselves !

Mais j'ai comme l'impression que tu as besoin d'une petite explication, cher lecteur, alors allons-y. Comme tu t'en rappelleras (ou non, vu que ça fait, hum, presque trois ans maintenant depuis mon dernier post), je t'ai honteusement laissé en plan alors que je te racontais mes aventures à Tôkyô. (Si tu espères en voir la suite, d'ailleurs, je suis navrée de briser tes espoirs tout de suite, mais étant donné que j'ai déjà du mal à me souvenir de ce que j'ai mangé ce midi, je ne crois pas récupérer dans ma mémoire-gruyère des souvenirs assez consistants de ce voyage. Sache juste qu'il était hyper cool). 

Bref, prise entre ma boulangerie et le joli popotin de mon chef, mes cours à l'université (qui, si tu te le rappelles, était à une heure et demie de train de chez moi), et mes petits jobs par-ci par-là de prof d'anglais pour des écoliers japonais à l'autre bout de la ville (pas celui de la fac, c'eut été trop simple, non ; un troisième bout, à équidistance de mon appart, à une heure de là, et de la fac, à une heure de là), je n'avais plus une minute à moi pour te faire le récit de ma passionnante vie (une perte incommensurable, tu en conviendras), et ce jusqu'au jour de mon départ pour la France, le 31 août 2012.

Puis j'ai trouvé un travail (un chouette travail de traductrice de mangas, si tu te poses la question - et si tu as lu tout ce que j'ai marqué sur ce blog avant, tu sauras à quel point je suis toujours la fille la plus chanceuse au monde) et j'ai recommencé à vivre ma vie en France. 

Or, voilà que quelques années après (deux ans pour être précise, ce qui nous ramène à l'été dernier), je vais en vacances au Japon pendant deux semaines (parce que bon, hein, même si je n'y habite plus et que mes goûts dans la vie ont quelque peu changé, j'aime toujours le Japon tendrement), où je suis logée par Sweet, l'une de mes meilleures amies, qui va probablement faire un échange à Ôsaka à partir d'avril et qui me dit "roooh, ça serait trop bien que tu viennes en même temps que moi en WH!"

WH, pour les novices, c'est Working Holiday, PVT, visa vacances-travail. Un programme mis en place entre la France et une dizaine d'autres pays qui permet de partir pendant un an pour le séjour de ton choix, Japon, Corée du Sud, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, etc...

L'idée a donc fait son chemin, et je me suis dit "hé, au fond, why not?". J'avais pour autre projet d'aller vivre en haute montagne avec de la neige et des chèvres, mais comme on ne peut obtenir un WH qu'avant 30 ans (35 pour le Canada) et que les chèvres, tu peux en avoir toute ta vie, je me suis dit, "ma petite Sana (j'aime beaucoup me parler à moi-même), tes chèvres, tu pourras les avoir au retour, mais ton Japon (et ton Australie et ta Nouvelle-Zélande, qui ont également fait partie de mes projets), tu ferais mieux de te dépêcher d'y aller avant de ne plus pouvoir". (Car quoi qu'en dise mon profil à droite qui n'est plus à jour depuis longtemps, je n'ai plus 23 ans, et l'âge commence à se faire sentir.)

C'était dur de renoncer aux chèvres, mais sachant qu'elles m'attendraient à mon retour, je suis donc allée à Marseille pour obtenir mon visa, et deux jours plus tard, j'étais l'heureuse propriétaire d'un passeport estampillé aux couleurs d'un PVT. 

Ça c'est mon visa. Il pète pas un peu la classe ?


Et comme un bonheur ne vient jamais seul, il a donc été décidé avec moi-même que nous rouvririons le blog. Mais les choses ont changé, mes amis, et comme je m'en vais habiter près d'Ôsaka, l'ancien nom de ce blog, Nagoya Lifestyle, n'avait plus de raison d'être. Du coup, je l'ai remplacé par Sana Lifestyle, ce qui, non content de coller un peu mieux au thème, est de toute façon également plus satisfaisant pour mon égo démesuré.


Voilà pour la résurrection. Je m'envole dans une quinzaine de jours, mais je peux déjà vous parler dans un prochain post (qui, espérons-le, ne sera pas étouffé dans l’œuf par ma flemme habituelle) de mes recherches immobilières (mon appaaart, ma bataaaille, fallait pas que j'm'en aaaille wohohooo), de mon manque total d'organisation (comme d'haaabituuuuuuuudeuuuh) et de mon stress paralysant (je n'peux paaaas, je n'sais paaaas et je reste plantée làààà). 

A très bientôt, mes bichounets !
(Je constate que la mise en page sur blogspot est toujours aussi chiante, quel plaisir de la retrouver. Ha. Ha. Ha.)