vendredi 4 mai 2012

De mes pérégrinations à Tôkyô (jour 1)

Salut mes choux à la crème ! (Oui, j'ai commencé à travailler dans une boulangerie. Ça se voit ?).

J'espère que vous allez bien - et que vous ne m'en voulez pas trop de vous avoir abandonnés pour une oh, si longue période. A ma décharge, j'ai longtemps essayé d'élever la procrastination au rang de discipline olympique, et j'ai malheureusement vu tous mes espoirs s'écraser au sol quand j'ai été prise pour mon nouveau boulot (dont je vous dirai des nouvelles dans un prochain post !). Comprenez qu'entre ci et ça, je n'avais pas beaucoup de temps pour m'occuper de ce blog.

Oui, vous pouvez dire que je suis paresseuse, aussi. Je ne me fâcherai pas. 

Bref, qu'avons-nous au menu, ce soir ? On a la plus grande métropole du monde, Tokyo, et moi, minuscule fourmi m'émerveillant au moindre de ses carrefours. On a la rencontre d'une ville aux gratte-ciels gigantesques et d'une fille qui n'aime pas les demi-mesures. On a une histoire d'amour, en gros. (Et comme mon histoire d'amour avec Tôkyô est plutôt rock, j'ai changé la musique de votre lecteur en haut à droite, n'hésitez pas à cliquer dessus pour que la douce voix de Steven Tyler se glisse dans vos oreilles pendant que vous savourerez le récit de mes aventures tokyoïtes.)

Tôkyô, mes amis. Toukyou. とうきょう。東京。La plus grande aire urbaine de ce monde, si en croit Wikipédia (et je peux vous dire qu'une fois qu'on est dedans, on a pas trop de mal à y croire).

Mon voyage commence à se préparer dans ma tête le jour où l'une de mes amies me dit : "Hé Sana ! Je viens te voir au Japon, j'arrive le 18 février !". Moi bien contente, vous pensez, je me dis, "super, j'achète un ticket de bus pour le 17 février, ça me fera un cadeau d'anniversaire de moi à moi, comment me remercier ? je vais chercher Jyô à l'aéroport et pendant une semaine, NOUS SERONS LES MAÎTRESSES DE TOKYO !". Dans les grandes lignes.

Bon, le plan a été un peu modifié lorsque Jyô s'est rendue compte trois jours avant de partir que son passeport n'était plus valide... Il a donc fallu que je devienne la maîtresse de Tokyo sans elle, mais par un heureux hasard fait exprès, mon amie allemande Cornelia et son petit copain Tilo s'étaient dit que "Tokyo, c'est pas mal, et si on prenait le bus ensemble pour y aller ?". Aussitôt dit, aussitôt fait. Un petit tour par la gare de Nagoya pour acheter les tickets, et j'avais devant moi le début de mon rêve.

J'aurais bien aimé garder les tickets avec la date de mon anniversaire, mais il a fallu les donner au contrôleur...
Le vendredi 17 février, du haut de mes tout frais 23 ans, je me réveille dans un état de surexcitation extrême. Voyage en bus depuis Nagoya jusque Tokyo : Fuji-san it is ! Le ciel à Nagoya est d'un bleu insolent, ça augure bien pour le voyage. Le bus est à 8h30, nous partons donc à 7h pour être SÛRS de ne pas avoir de retard. (Le voyage jusqu'à la gare de Nagoya ne prend qu'une demi-heure mais qu'importe.)

Notre bus trouvé, nous qui avons déjà vécu l'expérience de partir à Kyôto avec un bus blindé de monde, nous avons la surprise de découvrir que nous sommes deux pelés et trois tondus à prendre celui pour la capitale. Tant mieux, c'est toujours sympa de voyager dans le calme, et ça fait moins de gens qui vous fixent comme des aliens.

Mes amis m'offrent des cadeaux d'anniversaire surprise (oui, vous me direz, normalement, des cadeaux d'anniversaire, c'est toujours surprise...) dans le bus, juste après le démarrage, et c'est ainsi que commencent nos six heures de voyage. Bien sûr, il y a le shinkansen (version japonaise du TGV) qui relie Tokyo à Nagoya en une heure environ, mais qui coûte environ 4 fois plus cher, donc on a opté pour le bus. Et puis, j'aime bien les longs voyages, moi, regarder les paysages défiler, ça me plaît. Le temps est radieux, ça s'annonce bien pour le Fuji-san ; il a intérêt à se montrer, ça fait depuis qu'on a acheté les tickets qu'on gagatise sur lui, avec Conny.

On passe par de magnifiques paysages, on espère voir le Fuji-san à chaque tournant, et enfin, on découvre sur le panneau électronique du bus le nom du prochain arrêt : Toumei Fuji, qui sert aussi d'arrêt pipi sur l'aire d'autoroute. Malheureusement, les gros nuages qui s'amoncellent teintent notre enthousiasme d'inquiétude... 


Après quelques tournants entre deux montagnes, il faudra se résigner : le Fuji-san, ça ne sera pas pour cette fois. En revanche, pour se faire pardonner de nous priver de la vue du symbole du Japon, mère Nature nous offre, pile poil au moment de l'arrêt sur l'aire d'autoroute, une fabuleuse tempête de neige. (Oui oui, on était partis le matin avec un grand soleil.) Bon, on aura pas vu le mont Fuji, mais ça fait quand même un beau cadeau d'anniversaire !


T'as vu maman, je mets bien mes lunettes et tout !
 Ensuite, on reprend la route. On traverse des paysages où il y a déjà dix centimètres de neige au sol, on traverse des montagnes et tunnel, et pop, on débouche d'un coup de l'autre côté du mauvais temps comme si rien ne s'était passé. Et c'est sous un magnifique soleil qu'on débarque à Tokyo. 


Hahaha, c'est qui qui se la pète hein ??

Tokyo, c'est grand. C'est impressionnant, même. On n'est plus à Nagoya avec ses trois pauvres gratte-ciels, là ! (Oh comment je bave sur ma ville, c'est pas beau.) Mais un truc qui est plus qu'impressionnant, à Tokyo, qui est carrément terrifiant, c'est les lignes ferroviaires. Et on est forcés de s'y frotter tout de suite en arrivant, puisque Conny et Tilo ont rendez-vous à Ikebukuro et que moi je dois me rendre à une gare dont j'ai oublié le nom. Entre toutes les lignes différentes, l'équivalent du métro, l'équivalent du RER, l'équivalent des zones, bref, on est pas sortis de l'auberge. Heureusement, c'est au début que c'est flippant : après, c'est agréable. Sans compter qu'à Tokyo, pour se déplacer un peu partout, il y a la ligne Yamanote, et j'aime cette ligne, oh oui, je suis une addict de cette ligne. (Et si vous trouvez ça bizarre, c'est que vous n'avez jamais entendu parler des densha otaku, ces gens qui vont jusqu'à apprendre par coeur les horaires de chaque train, juste parce que ça les botte. Je n'en suis pas à ce stade, je vous rassure.)


La Yamanote, c'est une grande histoire d'amour. Pourquoi ? Parce que déjà, on la retrouve dans pas mal de mangas et que je suis une sale otaku. C'est dans la Yamanote que Light cherche à piéger Raye Penber, c'est dans la Yamanote que Naru s'endort sur l'épaule de Keitaro, c'est la ligne Yamanote qui est un des kekkai de Tokyo dans X de Clamp... Bref. Que des trips d'otaku. Mais pas que ! Il y a aussi le fait que, quand on prend la Yamanote, il y a ces adorables petites musiquettes qui vous signalent quand un train arrive et quand il s'en va. Et elles sont franchement adorables. 

Gare de Tokyo


Gare de Yûrakuchô




Je ne vous raconte pas comme je suis folle de ces musiques - rien que de les entendre, ça me fait des petits bonds hystériques dans le ventre. (Bon je sais que je suis un peu fofolle aussi, mais je vous jure qu'elles sont géniales!) Du coup, ça joue beaucoup (beaucoup) sur le fait que j'aime prendre le train à Tokyo. Ça, et aussi le fait que la Yamanote ne soit pas souterraine, et c'est toujours agréable de regarder par la fenêtre et de bondir subitement en s'exclamant comme le touriste qu'on est : "oooooh la tour de Tokyo !! Oooooh le bâtiment Docomo !!! OOOOOH la MAIRIE !!!". 

Bref, après un peu d'hystérie en prenant la Yamanote, on arrive à Shinjuku, probablement l'endroit au monde où les gens défilent le plus à la minute (c'est effrayant, je vous jure), et l'endroit où nos chemins se séparent, à mes amis et à moi. Nous avons en effet décidé de tester un nouveau mode d'hébergement plutôt que de prendre un hôtel tout bête : on a donc fait appel à Couch Surfing, un site qui vous propose d'entrer en relation avec des gens qui sont prêts à vous héberger dans leur maison ou appartement pour quelques jours, en échange de quoi vous leur parlez de votre culture, vous leur faites à manger de chez vous s'il ont envie, etc. 

C'était la première fois que j'utilisais ce site donc j'étais un peu anxieuse, d'autant qu'en une semaine, je changeais trois fois d'hôtes. Ce soir-là, donc, je devais rencontrer mon premier couple d'hôtes, David et Wakako, couple américano-japonais. Stressant pour la geek que je suis, qui ne fait pas souvent connaissance avec le monde extérieur... 

Conny et Tilo allant dormir chez un autre hôte, je suis donc partie toute seule comme une grande à la gare où j'avais rendez-vous avec David et Wakako. Particulièrement stressée, d'autant qu'il s'était mis à pleuvoir et que l'endroit paraissait un peu glauque. Puis, après quelques coups de fils pour déterminer notre point de rendez-vous, je retrouve mes hôtes : génial, ils ont l'air charmants, la conversation démarre tout de suite (ce qui n'est pas le cas avec tout le monde, en général...). Ils m'emmènent en voiture chez une amie à eux pour qu'on fête tous ensemble mon anniversaire, avec du chirashi de luxe, un gros gâteau d'anniversaire sur lequel je dois souffler mes bougies, et même du champagne ! (Je n'ai pas osé leur dire que je n'aimais pas...) On rit ensemble, on s'amuse avec le piano électrique, on fait les débiles avec David, bref, une soirée mémorable, et en sortant de chez Mame-chan, l'amie de Wakako, il s'est remis à neiger. Wow, quelle journée pleine de bonnes choses !


Une super soirée d'anniversaire !
Pendant que je suis toujours émerveillée par le fait que ce soit possible de s'entendre si bien avec des gens qu'on vient à peine de rencontrer, Mame-chan nous ramène en voiture chez Wakako et David, un petit quartier résidentiel tranquille en plein Tokyo. Leur appartement est magnifique, sur deux étages, et j'ai même ma propre chambre avec le wifi, dont mes hôtes m'offrent gracieusement le code. Ils me donnent également une carte de train, le double de leur appartement et la clé de leur vélo à l'entrée si jamais j'en ai besoin. Wow !! Ça, c'est ce qui s'appelle être accueillant... 


C'est dans un futon bien confortable, et avec le droit de mettre le chauffage dans ma chambre (ce qui n'est pas négligeable, parce que si maintenant, il est fait 25° à 7h du matin, le 17 février, il avait quand même neigé plusieurs fois dans la journée) que je m'endors, les doigts de pieds en éventail, le coeur au paradis. 


Je vous raconterai bientôt le jour 2, si le premier vous a intéressé !
A plus les loulous !

 

8 commentaires:

  1. Enfin!!!!
    Mamounette

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  2. La suite ! La suite !
    Raf

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  3. J'ai rien compris entre "c'est dans la Yamanote..." et "... bref" !

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  4. Pleins de souvenirs de Tôkyô... j'ai vraiment adoré cette ville aussi !

    Profite à fond de tout ça !

    Du coup on se croise à Nagoya ou pas ? (j'arrive le 22 Septembre).

    Bises.

    Yacine

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  5. Marjo, Quand même, ne pas connaître Naru et Keitaru....c'est que tu n'es pas otaku!!!
    Mamounette!

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  6. Yacine : Ouaip t'inquiète, j'ai bien profité, et je vais encore profiter en août ! XD Sinon on va pas se croiser, je pars vers le 31 août (pas encore acheté le billet mais à peu près sûre). Mais j'essayerai de laisser des affaires pour toi à la résidence si c'est possible !

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  7. Bonjour! Je suis moi même étudiante à Lille III en japonais et je passe en deuxième l' année prochaine. J' espère énormément participer à un échange universitaire comme tu l' as fais. Mais je voulais en savoir un peu plus sur ton nouveau travail dans une boulangerie, est-ce facile de trouver un petit boulot à côté des cours au Japon? (non parce que déjà à Lille c' est un peu la galère...ahah)
    En tout cas merci à l' avance pour la réponse et bonne continuation. J' ai adoré lire ton blog en tout cas.

    Aude.

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  8. Salut Aude !

    Alors pour le travail à la boulangerie, je pense écrire un article dessus dans pas longtemps (tout restant relatif...) mais bon, voici toujours quelques infos : personnellement, j'ai trouvé que c'était pas si facile que ça, mais c'est probablement parce que je m'y suis prise comme un manche et que je ne me suis pas vraiment vraiment investie dans la recherche. A vrai dire, je ne savais pas trop où chercher, puis j'ai vu une annonce dans le magasin en bas de chez moi, j'ai postulé, j'ai eu un entretien avec le chef, et il m'a appelé deux jours après pour me dire que j'étais prise. Donc bon, au final, c'était pas si compliqué, le tout c'était de trouver un endroit où postuler...

    Mais je pense quand même que c'est CARRÉMENT plus simple que de postuler en France, ça oui... Et puis sinon tu peux aussi aller voir dans des juku de ci de là pour donner des cours d'anglais ou de français, ça rapporte pas mal :3

    Voilà, si t'as encore des questions n'hésite pas !

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