mardi 4 octobre 2011

Les étrangetés de la culture japonaise, part 2 : l'aizuchi


Il y a une coutume japonaise… ou plutôt, peut-être pas une coutume, mais une habitude japonaise, qui consiste, lors d'une conversation, à assurer l'interlocuteur n'est pas en train de penser à son prochain repas ou bien à l'état de ses finances au moment où vous lui parlez. Ça s'appelle l'aizuchi.

Qu'est-ce que l'aizuchi ? C'est très simple. Quand vous parlez, en face de vous, vous entendez un bourdonnement sonore continu, qui, si vous écoutez plus attentivement (tout en parlant, exercice dangereux),  est en fait une série de "hai, aa, nn, sô desu ne, nn, eeeh, oooh, aa sokka…" venant de la personne à qui vous parlez. C'est de cette manière que l'interlocuteur marque son approbation à chacune de vos virgules, et même à chaque espace dans vos phrases.

En France… non, pas en France, en France on coupe la parole, c'est pas pareil. Dans d'autres pays, on attend que l'autre ait fini sa phrase avant de dire "ah ouais, c'est pas faux" ou bien "non mais tu charries là, c'est totalement débile".  Au Japon, si vous restez silencieux jusqu'à ce que le japonais en face de vous ait fini sa phrase, il sera inquiet, et se dira "bon sang, il m'écoute oui ou merde ?". Evidemment, il ne le dira pas de cette façon là (on est au Japon, quoi), mais il dira "euuh, tu m'écoutes ?" et vous de répondre, surpris : "hein ? Ben oui".

Cependant, l'aizuchi est, je pense, plutôt appliqué par les personnes plus âgées. Quand je parle avec des jeunes, ou quand j'observe les jeunes parler, je n'ai pas cette impression. Toutefois, cette affirmation reposant sur ma maigre expérience d'une semaine, n'y accordez pas trop de crédit. Vérifiez par vous-même, si vous en avez l'occasion… Sinon, on en reparle dans trois mois, quand j'aurai eu un peu plus de temps pour vérifier ma théorie.

Vous pourriez vous dire : ah, mais alors si je ne fais pas d'aizuchi pendant que je parle à un japonais, je vais me faire mal voir ? Eh bien, la réponse à cette question est : je ne sais pas. Les japonais sont du genre à sourire de toutes leurs dents même quand ils se disent par derrière "bon sang, mais qui m'a fichu un crétin pareil ?" Eh oui. (Mais ce que vous ne savez pas ne pas vous faire de mal, pas vrai ?)

Toutefois, si vous avez peur de ne pas être à la hauteur, vous seriez surpris de voir à quel point le pli se prend vite. Pas que vous serez devenu une bête en aizuchi en moins d'une semaine, mais on prend rapidement quelques habitudes. Par exemple, je n'ai jamais autant dit "aa, sô desu ne !" et les variantes "aa, sô sô sô !" ou "aa, sô desu ka ?" (qui pourraient être respectivement traduits par "oui, n'est-ce pas ?", "oui, exactement !" et "ah bon ?") en cinq ans d'apprentissage du japonais qu'en une semaine passée ici à blablater avec des nihonjin pure souche. Belle chose que l'immersion.

Immersion qui, soit dit en passant, est très efficace aussi pour vous faire penser en une autre langue. En rentrant de cours, vous ne vous dites pas "ah oui c'est vrai" quand vous réalisez que vous n'avez plus à manger dans votre frigo, vous vous dites plutôt "aa, sô da yo ne". Et parfois, quand vous êtes levé depuis tôt le matin, que vous venez de passer deux heures dans les transports en commun et que vous êtes trop fatigué pour penser soit tout en japonais, soit tout en français, vous vous surprenez à penser "cette prof était omoshiroi aujourd'hui, mais je pense que son jugyô va être tsumaranai…" et après, quand vous réalisez que vous avez pensé ça, soit ça vous fiche les jetons, soit vous vous sentez un peu con. Soit les deux. Mais bon, on s'éloigne un peu du sujet de l'aizuchi là.

Bref, voilà pour le sujet d'aujourd'hui. On se retrouve bientôt pour que je vous raconte mes premiers jours de fac !

À plus les loulous !

6 commentaires:

  1. Aizuchi ?? Les japonais ont des mots qui désignent tout et n'importe quoi ! Là où on parle "d'interjection fréquentes au cours d'une conversation pour montrer qu'on écoute son interlocuteur" les japonais nous sortent "aizuchi"... le japonais <3

    Tu m'a appris un truc du coup, c'était très rigolo ^^ J'ai hâte que tu décrives tes cours, les autres élèves, les professeurs.... :D

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  2. aaah ! So desu neeee
    so so soo... (si, si, je t'écoute xD)

    Pour ce qui est de l'immersion et de penser en mangue étrangere... J'ai vécu ca xD
    Quand j'étais au Japon, en rentrant un jour d'une promenade, je suis rentrée dans ma chambre et j'ai dit "Aaah ! Kasa !!" Oui, j'avais oublié de ranger mon parapluie xD Mais j'étais seule, merde ! Pourquoi je parle en Nihongo ? OO
    Moi j'me sentais pas totalement conne, mais ca m'a un peu foutu les jetons tout en me faisant plaisir, j'me suis sentie bilingue quoi OO
    Je te comprends donc xD

    Bon, j'attends tes jours de cours avec impatiennnnce :D

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  3. +1 !!! on veut des nouvelles fraiches !

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  4. J'adore le coup de parler en japonais et en français ! ça signifie que tu t'immerges (j'ai jamais eu ces belles pensées en Allemagne après deux semaines passées là bas et 5 ans d'apprentissage T.T)

    Bref, ça doit juste être énorme vivement que tu penses plus que en japonais !

    Et l'aizuchi, c'est flippant mais ça correspond aussi à nos hochements de tête et nos 'hum hum' que je fais tout le temps, surtout en ce moment (parce que rien à foutre de ce que certains me racontent vu qu'ils parlent toute la journée du coup c'est un réflexe aussi). Comme quoi on a ça aussi, un peu, quand même. XD Enfin, moi.
    Ou alors je suis possédée par l'aizuchi.

    Ou pas, je sais.

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  5. Tiens bah j'ai pu assister à l'aizuchi par téléphone, chez la maman de ma famille d'accueil, tout à l'heure : c'était pas moi l'interlocuteur cette fois, mais le mec à l'autre bout du fil, et la maman faisait "hai hai hai" toutes les 1,5 secondes, sans mentir XD Assez flippant quand t'as pas l'autre bout de la conversation XD

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