samedi 1 octobre 2011

Premier jour au Japon

Je suis sûre que vous mourrez d'envie de savoir ce qui m'est arrivé depuis le post sur mon arrivée, avouez-le ! Eh bien, soit ! Dans ma grande mansuétude, j'ai décidé de céder à votre curiosité. 

On s'était arrêtés, n'est-ce pas, au moment où je me suis endormie avant même que ma tête touche l'oreiller, le soir de mon arrivée. D'ailleurs, j'ai pu constater que c'était pas le Japon qui avait changé quoi que ce soit à mon somnambulisme. La première nuit, je me suis réveillée en plein milieu de ma chambre sans savoir pourquoi (j'espère que je suis pas sortie dans le couloir sans le savoir... glauque...), et la deuxième, pareil, sauf que là je savais pourquoi : je me disais qu'il était l'heure de se lever, pour pas être en retard pour la fac. En fait je risquais pas de l'être, il était 3 heures du matin. (Même en comptant le décalage horaire, ça n'avait rien de logique, vu qu'il était 20h en France...)

Le matin du premier jour, j'avais rendez-vous avec un ami japonais pour qu'il me montre le chemin pour aller à la fac, où on avait rendez-vous avec le professeur qui nous prenait en charge. Les deux périodes les plus difficiles dans la compréhension du japonais, c'est le matin au réveil, et le soir quand vous êtes fatiguée. Là, on était dans la période un peu après "réveil", la communication n'était donc pas optimale, mais bon.  De toute façon, il y a mieux à faire que de parler : observer les alentours, par exemple. De chez ma famille d'accueil jusqu'à la gare, il y a une petite dizaine de minutes à pied. Je regarde les voitures, et je me dis que si je devais conduire au Japon, j'aurais sans doute un accident, tellement le fait que ce soit inversé me perturbe. 

Sous un soleil de plomb, et la chaleur qui va avec, on arrive à la gare, Hanamizuki dôri, sur la ligne Linimo. Ma fac est quelques cinq stations plus tard. Là, mon ami japonais m'explique comment acheter des tickets, heureuse décision, considérant que tout est en kanji, et je suxx big time en kanji.

On monte donc prendre la Linimo. C'est une belle gare ensoleillée, propre, il n'y a personne (à 10h, tout le monde bosse…), les vitres ne sont pas rayées par des clés, aucun déchet ne traîne. 

Sur la ligne Linimo
Le train arrive : ceux qui entrent laissent sortir ceux qui sortent (enfin, pas à ce moment là, puisqu'on était les seuls à entrer, mais en général), les sièges sont propres, les japonais sont calmes, assis sur leur siège à dormir, à écrire des sms – ou à me dévisager, parce que j'ai pas vraiment la dégaine des gens du pays, malgré mon obstination à penser le contraire. Mais moi, c'est autre chose qui m'intéresse : la vue sublime qu'on a depuis le train. La ligne Linimo est en hauteur, les voitures et les maisons sont dix à quinze mètres plus bas, et on a le champ dégagé sur la ville et les montagnes qui les bordent, au loin. Moi qui adore avoir des vues dégagées, je suis servie. Le tout sous un splendide soleil, en plus. 

La gare Hanamizuki Dôri, sur la Linimo
On passe devant un centre commercial, Apita, dont le bâtiment monte à hauteur de la ligne de train, puis on continue notre route. Il y a une grand roue au loin. En moins de cinq minutes, elle n'est plus du tout au loin, elle est juste en face de nous, et ça me donne envie d'aller visiter ça de plus près, mais il faut aller à la fac. C'est l'arrêt d'après, qui a un nom à rallonge, alors je ne l'écrirai pas, parce que je suis incapable de m'en rappeler. 

 Je sors de la station, où une machine avale mon ticket de train au lieu de me laisser le choix entre l'oublier dans ma poche ou agir comme le français moyen, et le jeter par terre. Enfin, je ne l'aurais pas fait de toute façon : mais c'est peut-être grâce à cette machine qu'il n'y avait aucun ticket par terre ; pas comme à Lille où le sol devient vert et orange tellement tout le monde y balance les siens. 

Dehors, fait chaud. Il faut traverser une route pour aller à Kendai (le diminutif du nom de ma fac), et ce que j'avais déjà remarqué me frappe une nouvelle fois avec force : bon sang, ce que c'est propre ! Pas de papier par terre, pas de chewing-gum incrusté dans le macadam, les indications de code de la route en blanc sur le sol sont aussi éclatantes que si elles venaient d'être peintes. Incroyable. Et au feu, pas un piéton ne traverse quand c'est rouge. 

Et ils ne sont pas tous là à se presser les uns contre les autres en attendant le moment où ils pourront se précipiter sur la chaussée, les pieds à deux doigts du caniveau. Non, là, ils attendent bien sagement derrière la ligne jaune à pois en relief, en laissant de l'espace entre eux pour respirer, et se mettent en route tranquillement quand le feu devient vert – et qu'il le fait savoir à tous par ce petit "bip bip, bibibip" qui va avec. À Tôkyô, on avait parfois les musiques d'anime pour prévenir que le feu était vert. Ici, on n'a que des "bip bip", mais enfin comparé à la France où on n'a ni l'un ni l'autre, on ne va pas se plaindre. 

Les kanji de Kendai, abréviation de Kenritsu Daigaku
Kendai ! Mon université. Après avoir traversé deux routes, on arrive près d'une butte d'herbe où il y a les kanji formant le mot "kendai" en buissons. On prend la route sur le côté, calme, ensoleillée, propre, où chantent les cigales (bon, plus beaucoup, à présent, puisque les cigales, au Japon, c'est juste l'été, et qu'on est en automne), et je découvre mon futur environnement : un grand campus ensoleillé, avec deux couloirs ouverts sur les côtés, qui mènent à quelques petits bâtiments et deux blocs d'une quinzaine d'étages. 


Kendai ! Mon université.
 
Arrivée dans l'université, je fais connaissance avec les professeurs qui m'ont prise en charge, et avec l'autre étudiante française sélectionnée pour l'échange dans ma fac. Le bureau d'un des professeurs est au 12ème étage, ce qui me laisse l'occasion de constater que, tout comme la ligne de train, la vue est loin d'être dégueulasse. On a les montagnes au fond, et d'autres encore plus loin, c'est super joli. Et la fac est entouré par un grand parc, on se croirait en pleine nature. Les cigales chantent et c'est très calme – et très ensoleillé. Il y a des terrains de sport un peu plus loin, et c'est tout à fait l'ambiance que ma nature rêveuse avait imaginée. Je décide sur le coup que j'adore déjà cet endroit.

Puis on a droit à une visite guidée de l'université, les salles, les bureaux, la cantine – qui mériterait bien que je fasse un article entier sur elle : elle est mi-réfectoire mi-combini. Il y a deux files, l'une pour prendre ses plats au réfectoire, où on a le choix entre un tas de trucs super bons (ce qui enlève du crédit au mot "cantine", où la bouffe est toujours dégoûtante) – l'autre pour acheter en vitesse son repas, par exemple un onigiri et une boisson ; les deux files se rejoignent à la caisse, où on calcule ce que vous avez acheté, et vous êtes libres de sortir ou d'aller vous installer dans la salle (où, si vous vous installez près de la baie vitrée, vous vous déshydratez en moins d'une demi-heure). Dans les réfectoires en France (enfin, ceux dont j'ai eu l'honneur de faire la connaissance), votre seule boisson l'eau à l'arrière goût répugnant que vous mettrez dans votre pichet. Ici, vous prenez une tasse, et vous choisissez entre l'eau (de la vraie) ou du thé. Ouais ouais ! À volonthé ! (Je sors…)

Bref, entre mon thé, mon karaage, ma soupe miso et mes croquettes de poisson, je suis aux anges. Moi qui déteste les cantines d'habitude, je décide dorénavant que celle-ci me verra chaque fois que je serai à la fac. J'imagine déjà ce que je prendrai la prochaine fois – et aussi où je m'assiérai : à un endroit un peu plus à l'ombre. Les baies vitrées avec des grandes mares derrière, c'est bien, mais pas de trop près.
Puis est venu ZE moment. Celui où j'ai dû acheter un portable. Mes aïeux ! Quelle galère. On tente d'abord le coup au coin portables d'un centre commercial (Apita, que j'ai évoqué plus haut), mais pour une raison que je ne saisis pas très bien, c'est impossible d'en acheter ici. On se dirige donc vers l'endroit que la vendeuse nous indique, un peu plus loin dans la rue, où trois boutiques de portables de trois marques différentes se succèdent : au, Docomo et Softbank. Je connais les trois : les Arashi (un groupe d'idols japonais) font de la pub pour au, et sont placardés un peu partout dans le train ; Docomo, c'est le nom de cette grande tour que j'ai toujours adoré dans Tôkyô (le quartier général, probablement). Et Softbank, c'est un sponsor qui revient souvent quand on regarde des dramas ou des animes, impossible de le louper (si on est une otaku, s'entend). 

Avec les japonais qui m'accompagnent, on finit donc par se mettre d'accord sur Softbank. Je voulais un téléphone tip top cool et super cher, mais en fait, les forfaits qui vont avec ce genre de téléphone sont pris pour minimum deux ans. Pas cool. Je me rabats donc sur un téléphone prépayé, qui coûte 10000 yens de moins, mais qui ne peut pas aller sur internet. Par contre, il peut envoyer des mails illimités, et ça c'est vraiment chouette, car dans le pire des cas, j'aurai toujours un infime lien avec internet (même si je mets une heure pour taper trois lignes). 

Mais alors, pour comprendre ce que dit la vendeuse, bonjour. Le japonais, ça va bien pour les conversations basiques, du genre "qu'est-ce que t'as mangé depuis que t'es arrivée ?" ou bien "qu'est-ce que tu aimes dans la culture du Japon ?" ; ça, ça va. Mais quand on vous dit – en keigo (langage honorifique) pour faciliter les choses – "je suis désolée mademoiselle mais les forfaits ne peuvent être pris que pour une durée minimale de deux ans, en revanche, je peux vous proposer un téléphone prépayé qui coûte 3000 yens tous les deux mois, et avec 300 yens de plus, vous pourrez avoir les mails illimités, mais pour ça j'ai besoin de votre passeport et de votre carte de résident étranger", je peux vous dire que vous en restez comme deux ronds de flan. J'ai jeté un regard désespéré aux japonais qui étaient avec moi, qui ne m'ont rien traduit du tout, et j'ai donc dû me tourner, en désespoir de cause, vers ma camarade française dont le niveau est meilleur que le mien, et qui m'a fait un briefing.

C'est là que je me suis rendu compte qu'il était heureux que j'aie quelques bonnes bases de japonais avant de partir, parce qu'ici, personne ne parle anglais – encore moins français – et le plus marrant, c'est que quand vous dites "je ne comprends pas très bien le japonais", tout le monde dit "mais si, mais si!" et se met à parler encore plus vite, pour que vous soyez définitivement largué. 

Après être sortie de la boutique – qui diffusait le voyage de Chihiro dans un coin avec des fauteuils pour ceux qui devaient attendre – fourbue, je suis rentrée vers la maison de ma famille d'accueil, accompagnée de mon ami japonais qui m'avait montré le chemin au matin, non sans m'arrêter dans une boutique de papeterie dans l'espoir de trouver des Copics (une marque de feutre un peu luxueuse), et voir cet espoir récompensé ! À 200 yens (environ 2 euros) le Copic, moi qui pensais qu'un seul coûtait dans les 10 euros, je suis toute heureuse d'en prendre trois. Youpi, j'ai des Copics !

Et le soir, la famille m'attend pour manger des temaki (si je me souviens bien) dont j'ai donné une description détaillée dans l'article sur la nourriture. Et je suis quand même bien contente de retrouver mon lit, parce qu'ayant marché toute la journée, je me suis retrouvée très fourbue, quand la nuit fut venue.
Je pensais faire une article sur mes premiers jours, mais je me rends compte que celui-ci prend déjà pas mal de place, vous aurez donc la description détaillée des jours qui ont suivi dans un prochain post : au menu, tourisme, montagne, déménagement. Avouez-le que c'est du lourd !

En attendant, je vous embrasse tous !

À la prochaine !

Sana.

3 commentaires:

  1. Ahlala, la propreté légendaire du Japon ^^. J'ai un peu parlé avec une japonaise hier soir (en Français j'entends, comme elle étudie le français, c'est une bonne excuse (même si j'ai un peu honte de ne pas pouvoir aligner trois mots en japonais, m'enfin, j'espère que ça changera ^^')) en lui demandant si elle n'était pas trop déçue de l'image qu'elle avait de la France, que c'était sale tout ça, elle m'a dit que non (je ne sais pas si c'était vraiment sincère m'enfin ^^), par contre, la différence qui l'a marquée, c'est que les magasins étaient fermés les jours fériés et le dimanche ^^. Pas que ce soit mal selon elle, elle trouve même que ce système est meilleur qu'au Japon. Tout au moins elle le pense en tant qu'employée, car quand elle était au Japon, elle devait bosser 10h le 1er Janvier par exemple. Et elle m'a dit que les Japonais travaillaient trop ! Enfin une personne qui l'avoue ! XD.

    Bref, tout ça pour ne rien dire, le fait que tu parles de la propreté des rues m'a simplement rappelé cette conversation ^^.

    En tout cas, merci pour les photos ! Ca a l'air bien joli tout ça ^^.

    Haha, la cantine ^^. Ca a l'air bon tout ça ! Et du thé à volonté ><.

    Tu nous enverra une photo de ton téléphone ? Il est quand même à clapet comme tous les téléphones japonais ?

    En tout cas, ça a l'air difficile, courage ! Tu comprendras de mieux en mieux au fur et à mesure ^^.

    Merci pour cet article !

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  2. "belle gare propre, les vitres ne sont pas rayées par des clés, aucun déchet ne traîne. "
    "une machine avale mon ticket de train au lieu de me laisser le choix entre l'oublier dans ma poche ou agir comme le français moyen, et le jeter par terre."
    "Pas de papier par terre, pas de chewing-gum incrusté dans le macadam, les indications de code de la route en blanc sur le sol sont aussi éclatantes que si elles venaient d'être peintes. Incroyable. "
    Le Japon ftw o/ ♥
    C'est dingue comme ces petits détails font beaucoup de ce que j'adore au Japon quoi ^^ et je vois que tu les relève tous ^^ Si seulement on pouvait prendre exemple sur eux, sur certains points en tout cas.... Les japonais sont bien chanceux, et je pense pas qu'ils s'en rendent compte XD

    Softbank c'est le bien ! Perso j'aurais pris Docomo parce que j'adore comment ça sonne XD Mais quand tu as décrit Softbank je savais que tu l'aurais pris XD

    Pour le coup du "jouzu desu ne" etc etc... pfff c'est chiant, j'imagine que tu l'entendras encore plus, eh ben bon courage u_u

    J'ai adoré cet article ! X3

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  3. Je veux cette fac, cette propreté, ces passages piétons.
    Je veux être avec toi là bas XD Bon courage pour la langue, c'est que le début au bout d'un an t'iras la voir pour lui dire "je comprends très bien le japonais maintenant, mwahahahaha" XD
    Gros bisous <3

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