samedi 1 octobre 2011

Deuxième jour au Japon

Et voilà la suite tant attendue de mes aventures, réclamée par tant de fans ! (Comment ça, c'est pas vrai ? Laissez-moi y croire, quoi…)

Deuxième jour au Japon. Ça commence par du très lourd : à peine réveillée, petit déjeuner, train, et hop, un test de japonais en plein dans les dents. Même que je n'avais pas révisé. Oui bon ok, je n'ai aucune excuse ; j'avais été prévenue à l'avance qu'il aurait lieu. Comme nous, les ryuugakusei (les étrangers en échange universitaire), on ne connaît pas la fac, le lieu de rendez-vous, c'est devant le bureau de l'entrée de la fac. Le rendez-vous est à 10h, l'examen à 10h30. Comme je sais admirablement gérer mon timing, j'arrive là-bas à neuf heures et quart.

Il fait toujours aussi beau et la fac me paraît toujours aussi chouette. Je pourrais me balader un peu, mais je préfère ouvrir mon livre de kanji, en espérant vaguement en retenir quelque chose avant l'examen. Le bachotage de dernière minute, ça a toujours été mon truc, ça m'a toujours réussi. Mais bon, comme je suis nerveuse, les kanji entrent par un œil et ressortent par l'autre. Puis les gens arrivent petit à petit : six coréens avec qui je parle un peu (tant bien que mal, soit parce qu'ils ont un accent incompréhensible, soit parce qu'ils ont un level de malade et que je pige rien), trois allemands, avec qui  je ne parle pas du tout, parce qu'ils restent entre eux, et ma camarade française. On sera les ryuugakusei de l'année.

Le test est organisé de façon très simple : onze pages, avec sur les neuf premières, des tests de grammaires allant du plus basique au plus difficile, et sur les deux dernières pages, trois textes, un basique, un moyen, et un difficile. N'ayant pas encore les résultats, je ne peux pas vous dire comment je m'en suis sortie, mais j'ai laissé tomber le texte difficile avant la première lecture. Trop de kanji inconnus. Cette année, faudra bosser !

Après l'examen, je m'en vais expérimenter le côté combini de la cantine, en achetant un onigiri et une boisson : puis la maman de ma famille d'accueil m'appelle pour qu'on se retrouve, et ensemble, on va dans un petit restaurant manger des sôba (des nouilles de sarrasin dans une soupe, avec d'autres ingrédients – des tempura pour ma part), tout en papotant sur tout et n'importe quoi. Avec elle, c'est facile de papoter ! En tant que prof de japonais pour les étrangers, elle fait bien attention à articuler, à utiliser du vocabulaire compréhensible, et en derniers recours, elle parle le français (mais alors vraiment en dernier recours…).

Je lui parle, en tant qu'amoureuse de la nature, du superbe paysage et des chouettes montagnes que je peux voir depuis la fac : et hop, sitôt sorties du restaurant, on fonce en voiture vers les montagnes en question, à ma grande suprise. Si j'avais su, j'aurais enlevé la moitié du poids de mon sac et j'aurais mis des chaussures appropriées, mais qu'importe : je suis déjà contente de pouvoir aller là-bas. On se dirige vers Seto, la ville où elle travaille, et célèbre également pour sa poterie, puis de Seto, jusqu'aux montagnes que je voyais depuis la fac. Je pensais qu'on s'arrêterait au pied de la montagne, mais pas du tout, mes braves ! On fait la grimpette jusqu'à arriver au sommet. Si j'ai bien compris, 900 mètres de hauteur.

De là, on a une vue imprenable sur Nagoya et sur la pollution qui recouvre la ville (charmant, entre nous). En fait, on ne voit pas très très loin. Je ne distingue même pas la mer, alors que je sais pertinemment qu'elle doit être là. Il fait beau, mais l'air est trop épais, il faudra revenir en hiver. Ou plus tard en automne, quand le kôyô aura commencé…

Kôyô, c'est un terme pour signifier que les arbres se parent de leur couleur d'automne, en particulier les érables ; tout devient rouge, c'est magnifique. J'imagine qu'en France, personne n'en aurait rien à faire de la beauté de la nature, mais au Japon, le kôyô, ainsi que le ohanami, quand les sakura (cerisiers) fleurissent au printemps, ce sont deux périodes très importantes. Si importantes, même, qu'en ce qui concerne les sakura, pendant leur floraison, les gars de la météo précisent où en est la floraison dans les différentes zones du Japon : juste terminée à Kyûshû, en plein milieu à Kyôto, sur le point de commencer à Hokkaidô… Je ne sais pas si c'est pareil pour Kôyô, par contre. À vérifier.

Quoi qu'il en soit, les montagnes de Seto sont un lieu très en vogue en automne, tout le monde y vient pour admirer le Kôyô. Mais bon, c'était déjà joli quand j'y suis allée. Il restait quelques rares cigales qui chantaient encore, vestige de l'été. J'adore le son des cigales ici, parce qu'elles évoquent tout de suite une image d'été japonais, qui était désespérément attirante quand j'étais en France. Mais, selon Iwase-san, la maman de ma famille d'accueil, les japonais n'aiment pas trop le son des cigales, car à eux, elles leur évoquent la chaleur de l'été. Et je peux vous dire que la chaleur d'un été japonais, c'est pas la tarte. Tout est une question d'évocation, comme le bruit des fûrin (des sortes de boules de verre, de porcelaine ou de fer, avec un papier qui pend au vent, et qui fait cling-cling quand il y a un courant d'air), qui leur donne instantanément l'impression d'être rafraîchis. Pas besoin de clim quand on a des fûrin !

Après les montagnes de Seto, on est rentrées à la maison : en chemin, j'ai croisé des collégiennes et des lycéennes dans leur uniforme, ce qui fait toujours bizarre au début, quand on vient d'un pays où il n'y en a pas. Les jupes des collégiennes sont plus longues que celles des lycéennes ; les collégiennes se déplacent à pied, les lycéennes en vélo ou en train. Il est généralement interdit de se décolorer les cheveux, de se les boucler, et le maquillage n'est pas autorisé non plus. Au primaire, les écoliers n'ont pas d'uniforme, mais ils ont un sac obligatoire, qu'on appelle un "randoseru", qui doit sans doute venir du mot landsell, encore que je ne sois pas sûre de son origine. Avant, le sac devait être noir pour les garçons et rouge pour les filles. Maintenant, certains en ont des jaunes, des roses… Mais le sac en lui-même reste obligatoire.

Sur le chemin, j'ai aussi vu une église, sauf que ce n'était pas une église : c'était une sorte de reproduction d'église, créée pour les mariages. Beaucoup sont ceux qui ont envie d'un mariage à l'église sans vouloir passer par un prêtre, par la religion catholique, tout ça… Alors on a commencé à construite des simili-églises, pour que les gens puissent s'y marier s'ils le désiraient. La même chose existe avec les temples qui ne sont pas de vrais temples, mais des temples de mariage. Ces japonais, alors…

Dans la journée, pendant l'excursion, j'avais demandé des informations à Iwase-san à propos des onsen des environs. (Pour les novices, un onsen, c'est un bain d'eau très chaude dans lequel les japonais font trempette.) Le soir, quelle n'est pas ma surprise en apprenant qu'on y va ! Avec toute la petite famille, on se dirige en voiture vers le onsen – une expérience immanquable pour tous ceux qui veulent vivre à la japonaise. Laissez-moi vous dire tout de suite que la pudeur, dans ce lieu, il faut la laisser à la porte. Vous entrez dans les vestiaires, vous vous débarrassez de toutes vos fringues, et c'est dans le plus simple appareil que vous entrez dans le onsen. J'étais horriblement gênée au début, mais en voyant tout le monde se balader les fesses et les seins à l'air, je me suis un peu décoincée.

Il y avait plusieurs bains à des températures différentes : le premier dans lequel je suis entrée était à 37 degrés. Bon dieu, moi qui me lave toujours dans de l'eau à 25 degrés au mieux, le choc était rude. J'ai mis au moins cinq minutes pour m'immerger jusqu'aux épaules, et c'était dur de bouger une fois à l'intérieur ! Puis j'ai testé le bain à 40 degrés, celui à 42,5, et puis celui à 16 degrés – je n'ai pu entrer dans celui-là que jusqu'à mi-cuisses : impossible d'aller plus loin, après le bain à 42 degrés…

Il y avait aussi le rotenburo : c'est la même chose qu'un onsen, mais à l'extérieur, avec l'air frais de la nuit qui vous caresse les épaules quand vous sortez de l'eau. Il y avait aussi des cascades pour vous masser le dos, des bains d'eau un peu gazeuse… Bon, la constante dans tous ces onsen, c'est que dans n'importe lequel où j'allais, j'étais toujours regardée comme un alien. (D'ailleurs, la carte de résident étranger d'ici s'appelle "alien card", ça veut dire que ça veut dire, hein ? XD) Mais ça, ce n'est pas spécifique aux onsen : je croyais me fondre plus ou moins dans la foule avec mes cheveux bruns et mes yeux marrons, sauf qu'en fait, ce n'est pas le cas. Je ne peux pas faire trois pas dans la rue sans qu'on me suive du regard avec des yeux ronds. Oui, bon, mon nez est plus long que le vôtre, et alors ?

Dans cet onsen, je me suis installée à côté d'une mamie qui m'a regardée d'un air carrément méchant avant de me balancer de m'attacher convenablement les cheveux (quoi, je suis une pouilleuse maintenant ?) et qui ensuite me fixait comme si j'étais un ver de vase dans son bain. Des fois, ça donne vraiment l'impression d'être une pestiférée… Heureusement, ce genre de rencontre reste rare. En général, les japonais sont adorables, et même si en fait vous les dégoûtez peut-être, ils ne le montrent pas (c'est toujours ça de pris).

Après le onsen, on est allés manger dans le petit restaurant juste à côté. Iwase-san m'a proposé un plat, que je n'aurais pas pris de moi-même, parce que je bavais littéralement devant l'image du katsukare ; mais je n'ai pas osé dire non. Heureusement, le dieu du Katsukare m'a écoutée, et le plat qu'Iwase-san voulait me faire goûter n'était plus disponible, j'ai donc pu choisir mon katsukare chéri. J'ai fait une description du katsukare dans un autre post, mais si vous l'avez oubliée, c'est celle-ci : du riz d'un côté, du curry de l'autre, une escalope de porc panée coupée en lanières au milieu, et de la sauce curry sur la moitié de l'escalope. Un délice, je vous prie de me croire. Avec du karaage en plus (du poulet frit), c'était divin. Et très bourratif… J'ai pu goûter aussi des petits bouts des plats qu'avaient commandés les autres, et qui m'étaient totalement inconnus au bataillon, mais j'ai oublié leurs noms.

Le truc génial dans ce restaurant, c'était que comme il était à l'intérieur de l'onsen, et que généralement, il faut se déchausser pour rentrer dans les bâtiments, on mangeait pieds nus sur de la moquette moelleuse. C'est peut-être un détail, mais après un onsen bien chaud, c'est tellement agréable à manger pieds nus sur de la douce moquette ! Quant aux serveurs, dans ce restaurant, ils n'étaient pas bêtes. Ils donnaient une télécommande électronique aux clients, et quand le repas était prêt, ils la faisaient sonner pour pouvoir repérer la table où le client était installé. C'est fou ce qu'ils sont organisés, ces japonais, tout est fait pour que ce soit le plus pratique possible. Je ferai peut-être un post là-dessus après.

Par contre, je ne sais pas si c'est le chaud et froid qui faisait ça, mais j'avais une migraine carabinée en rentrant chez Iwase-san (j'avais l'habitude en France, mais plus de migraines depuis mon arrivée au Japon) donc je suis allée me coucher tôt, et je n'ai pas vraiment profité de ma dernière soirée avec ma famille d'accueil. Le programme du lendemain était chargé : déménagement, demander la Alien Card, aller à la banque, faire les achats de fournitures pour la chambre…

Je vous raconterai tout ça dans un prochain post !
À bientôt mes agneaux !
Sana.

6 commentaires:

  1. Aaah globalement, j'adore cet article (mais y'a pas de photos ouiiinnnn) !

    Ton évocation des kôyo me rappelle tous les paysages du Japon que j'ai pu voir... j'adorerais voir ce que tu vois, ça soit être magnifique, tant dans les couleurs que dans les sons. J'ignorais pour les fuurin et le chant des cigales, c'est amusant !! J'y songerais quand je verrais des dramas ou anime dans lesquels ça apparait ^^

    Je croise les doigts pour ton examen de japonais, je suis sûre que ça va bien se passer. Ta collègue française s'est bien débrouillée ?

    Pour le onsen, en fin de compte.... je n'ai pas osé. Les japonais qui nous regardent genre "c'est qui cette gaijin là ?" Bref... je compati pour la petite vieille dame, c'est dur se voir qu'une minorité nous rejette complètement. C'est d'ailleurs assez extrême... je sais pas pour toi, mais genre je trouvais que sois les gens t'apprécient et dans ce cas ils sont adorables en tout points, soit quand ils ne t'apprécient pas, ils le font bien sentir T_T

    "Heureusement, le dieu du Katsukare m'a écoutée"...... XDDD aaaaah je suis morte avec cette phrase XD c'est typiquement un truc que je dirais aussi XD Cool pour la télécommande ! J'imagine que des étrangers non initiés doivent absolument pas comprendre le fonctionnement de la télécommande Oo

    RépondreSupprimer
  2. Désolée, j'suis nulle en photo, j'en prends pas des masses XD Je verrai ça dans le prochain article ! ;)
    Pour l'exam j'pense que ça a été aussi, de toute façon c'était pas vraiment un exam, plutôt un test de niveau, et si j'voulais pas trop dur, valait mieux pas trop réussir. Donc bon. XD
    Aaah les onsen, faut essayer quand même ! Mais c'est vrai ta remarque comme quoi c'est extrême. Je trouve aussi...

    Et pour la télécommande, moi non plus je comprends rien XD J'ai vu les kanji, et j'ai même pas essayé de lire XD

    RépondreSupprimer
  3. Ca doit être joli tout ça ^^.
    Pas de photos tant pis ! Mais par contre on veut au moins des photos au moment du kôyô et de la floraison des cerisiers hein !

    J'aime pas le son des cigales moi, c'est agaçant ><.

    Haha, le truc des églises ne servant qu'à se marier, c'est rigolo et tellement japonais XD.

    Ah les onsen, j'aimerais bien essayé, je verrai ça cet été :3.

    Oui le test ne doit servir qu'à vous classer par niveau je suppose, j'ai vu ça sur les listes des étrangers présents à Lille 3, ils sont rangés par niveau C2/C1/B2/B1 etc ^^.

    Merci pour cet article :3 (mais si mais si tu as des fans ! ^^).

    RépondreSupprimer
  4. Les cigales, mais c'trop bieeeen *__* c'est le sud, la chaleur *___* l'été japonais et les grooos nuages blancs qui montent très haut dans le ciel *___*

    Ouais j'mettrai des photos des sakura et de kôyô ^^

    RépondreSupprimer
  5. Oui mais moi je suis un homme du froid XD. Donc les cigales, en plus de me prendre la tête (je l'ai vécu quand je suis allé en vacances en ardèche l'an dernier), ça me rappelle la chaleur intenable XD. Rien que d'y penser j'en ai des sueurs, vite des fûrin s'il vous plait !

    Bon j'exagère un peu, mais le son m'agace vraiment, je peux le supporter, mais vivre avec ce son tout le temps dans les oreilles, non merci ^^. Même si, je suppose qu'au final tu t'y habitues, comme le bruit des voitures si tu habites en ville etc.

    RépondreSupprimer
  6. J'ai encore gargouillé devant ton repas. Faut que je mange ce truc, c'est pas possible autrement je vais en faire une jaunisse à chaque fois que tu vas en parler !
    Onseeeeeen ! Encore un des trucs que j'ai le plus envie de faire quand j'irai au Japon. Même si le côté impudique va vite me gêner aussi.
    Et la mamie tu lui colles deux tartes et tu l'ignores, nan mais oh.

    Au moins ils le montrent pas si tu les dégoûtes, c'est cool. En France, quelqu'un aime pas ton pull ? Il te le fait savoir XD

    RépondreSupprimer